On connaît l’histoire de la déposition de Mohammed Ben Youssef, mais la lecture des journaux de l’époque s’avère indispensable pour mieux appréhender les circonstances dans lesquelles il a été détrôné en 1953.
Le 15 août 1953, dans la touffeur d’un été chaud, climatiquement et humainement, le résident général de la France au Maroc, Augustin Guillaume, accompagné du général d’armée Raymond Duval et du directeur de la Sûreté, se présente devant le sultan Mohammed V. Le méchouar a été auparavant cerné par des blindés et des hommes en armes prêts à intervenir contre un homme, le sultan, qui est déjà l’otage du protectorat français depuis son accession au trône en 1927. On connaît la suite. Guillaume intime l’ordre au sultan d’abdiquer. Celui-ci refuse et est immédiatement embarqué pour la Corse à bord d’un avion militaire français avec ses deux fils, les princes Moulay Hassan et Moulay Abdellah. La famille impériale sera ensuite exilée quelques semaines plus tard à Madagascar. Tout cela est archi-connu. Mais comment en est-on arrivé là ? Le processus qui a mené à la déposition du sultan, savamment orchestré par la Résidence générale, qui a utilisé à cet effet le puissant pacha de Marrakech, Thami Mezouari El Glaoui, a nécessité cinq mois. Cinq longs mois d’une guerre larvée, puis ouverte entre deux forces inégales, celle du duo El Glaoui-Guillaume et celle du Palais, marginalisé par les Français et ne comptant que sur la sympathie et la considération des nationalistes. Zamane a consulté la presse française de l’époque, coloniale et hexagonale, sur cette bataille des mots et des symboles qui a bouleversé l’histoire du Maroc et accéléré l’indépendance du pays.
Par Adnan Sebti
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