Jusqu’au XIXe siècle, l’économie du Maroc était une «économie continentale», plus tournée vers l’intérieur du continent africain. Mais depuis l’arrivée des Européens sur les côtes d’Afrique au XVIe siècle, les relations commerciales avec l’intérieur de l’Afrique n’ont cessé de fléchir.
L’Afrique de l’Ouest ou blad al-soudan passait dans l’histoire comme l’Eldorado rêvé, dont les mines d’or et autres richesses étaient, à partir du XVIe siècle, convoitées aussi bien par les États riverains que par les puissances européennes lointaines. Les grandes découvertes maritimes des XVe et XVIe siècles avaient permis à l’Europe d’installer des comptoirs de commerce sur la côte ouest-africaine pour établir ainsi des relations commerciales directes avec les peuples d’Afrique subsaharienne. Ceci permettait à l’Europe non seulement de détourner à son profit une partie importante du commerce subsaharien, mais pire encore portait un coup dur au Maroc en tant qu’intermédiaire obligé entre le monde méditerranéen et l’intérieur de l’Afrique. Avec la fin du XVIe siècle, les effets de ce blocus de fait commencèrent à se faire sentir. Les arrivées de l’or soudanais se faisaient tellement rares que le sultan saâdien Ahmed al-Mansour (régna de 1578 à 1603) se vit obligé d’entreprendre une expédition militaire d’envergure contre l’Empire Songhay qui contrôlait alors le Mali actuel et une bonne partie de l’Ouest africain. Par cette conquête militaire, le sultan saâdien espérait détourner les flux de l’or soudanais vers le nord dans un bras de fer avec l’Europe qui commençait à saper les fondements de l’économie marocaine. Pendant un certain temps, Ahmed al-Mansour pouvait se vanter d’avoir remporté une victoire, car il avait acquis tellement d’or qu’il fut nommé «al-dahbi», ou «le Doré» ! Mais ce succès était trompeur et ne dura que le temps de la présence militaire marocaine sur les bords du fleuve Niger. Dès la mort du «sultan doré» en 1603, le Maroc sombra dans des luttes de pouvoir interminables entre les fils du souverain.
Par Mohamed El Mansour
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