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Les Regulares marocains

La Rédaction par La Rédaction
29 janvier 2019
dans A LA UNE, DOSSIERS, RECHERCHE
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Ils ont combattu contre leurs frères rifains sous un drapeau qui n’était pas le leur et ont permis au franquisme de triompher de la Guerre civile. Pourtant, l’Histoire a oublié ces soldats marocains d’élite auquel l’Espagne n’accorde toujours aucune reconnaissance.

S’il y a des combattants victorieux qui sont devenus des parias, des mal-aimés, ce sont bien les Regulares marocains, ces magnifiques soldats d’élite que l’Histoire a malmenés de manière injuste. Traités de « mercenaires » alors qu’ils n’ont pas fait autre chose que combattre avec une efficacité redoutable, comme leurs coreligionnaires, les Goumiers de la zone française du protectorat, les Regulares marocains de l’armée espagnole attendent toujours la reconnaissance dont ils jouissaient jadis, quand trônait encore le portrait officiel de Francisco Franco dans les administrations espagnoles. En 2011, le corps des Grupos Regulares indigenas de España a fêté le 100e anniversaire de sa création. Si en Espagne cet anniversaire n’a pas été fêté en grande pompe, crise économique oblige, dans le Nord du Maroc, lieu de naissance de ce corps d’élite, il est passé totalement inaperçu. Les armées étrangères n’ont pas bonne presse dans un pays qui a été occupé militairement, et les rares survivants de ce corps digne des plus grands éloges militaires ne se sont sûrement rendus compte de rien.

L’Histoire se répète
Le premier groupe de Regulares voit le jour en 1911. L’idée est de recruter du personnel indigène afin de libérer les Espagnols du fardeau de faire la guerre au Maroc. La première unité créée est un tabor, un bataillon d’infanterie avec quatre compagnies et un escadron de cavalerie. Cette unité dépend de la Comandancia General de Melilla (commandement général de Melilia). Tous les soldats de ce corps d’armée sont rifains sauf les officiers, tous espagnols. L’année suivante, après la signature du traité de protectorat, Madrid ajoute deux autres tabors d’infanterie et un autre de cavalerie, constituant ainsi une petite armée « indigène ».
L’idée de former une armée européenne avec un personnel musulman n’est pas nouvelle. Entre 1410 et 1467, les souverains de Castille avaient recruté une garde prétorienne musulmane chargée de protéger le roi. C’était la « Garde morisque des rois de Castille », qui n’a pas connu une longue postérité car ses éléments ont fini avec le temps par se convertir au christianisme et se fondre dans la population locale.
En 1497, cinq ans après la conquête de Grenade par les Rois catholiques, et trois décades après la dissolution de la « Garde morisque des rois de Castille », l’Espagne a occupé Melilia, puis Oran en 1509. Dans ce dernier territoire, profitant des querelles tribales, les envahisseurs créèrent un corps de « Maures de paix », constitué par les membres d’une même tribu chargés de protéger la ville des attaques des « Maures de guerre ». En somme, les bons contre les méchants. Ces derniers affublent les premiers du surnom de « mogataces », un terme péjoratif et infamant signifiant « baptisés », en fait « traîtres » et « renégats ». D’autres mogataces ont été recrutés sur la côte rifaine : parlant la langue locale et connaissant le terrain, ils constituaient de précieux alliés. Lorsque les beys ottomans récupérèrent Oran et d’autres territoires algériens occupés à la fin du XVIIIe siècle, la compagnie des mogataces n’ayant plus aucune validité fut dissoute. Le souvenir des mogataces  fut vite oublié jusqu’à ce que, durant la Guerre d’Afrique (1859-1860), une troupe musulmane soit levée dans la tribu rifaine des Beni Chiker pour aller combattre l’armée du sultan à Tétouan. Intrépides messagers en territoire ennemi et interprètes, les Tirailleurs du Rif, ainsi que les ont appelés les Espagnols, constituaient de véritables troupes de choc. Avec la Milice volontaire de Sebta, autre groupe de combattants créé dans la deuxième moitié du XIXe siècle et principalement constitué de personnel jebli, ils seront utilisés pour protéger les enclaves espagnoles et participeront à l’occupation de Casablanca par la France en 1907. Ces deux milices sont les véritables ancêtres des Regulares. C’est pour cette raison qu’en 1914, trois ans après la création des groupes de Regulares, un décret royal d’Alphonse XXIII ordonnera leur dissolution et leur intégration dans le nouveau corps d’élite de l’armée espagnole.

Choisir son camp
Jusqu’à la Guerre du Rif, en 1921, les quatre groupes de Regulares (Tétouan n°1, Melilia n°2, Sebta n°3 et Larache n°4) sont à l’avant-garde de la pacification de la zone de protectorat espagnol. C’est souvent grâce à leur intervention que des armées espagnoles, qui connaissent mal le terrain ou surestiment leurs forces, échappent à une mort certaine. Néanmoins, la bataille d’Anoual et la Guerre du Rif marquent une pause dans cette « alliance » entre certaines tribus et l’armée espagnole. A Anoual, une partie non négligeable de l’élément indigène passe à l’ennemi, en tournant souvent ses armes contre ses officiers espagnols.
Les raisons de ces désertions sont multiples. Il y a, bien sûr, les appels d’Abdelkrim enjoignant les Regulares et la police indigène à déserter. Mais il y a autre chose. Contrairement aux Français qui évitent ce genre d’erreurs, les Espagnols envoient souvent les Regulares combattre des hommes de leur propre tribu, ce qui se solde par des désertions ou des insubordinations. En cause également, le comportement lâche des officiers espagnols durant la bataille d’Anoual qui, pour la plupart d’entre eux, ont simplement fui le champ de bataille quand l’armée du général Silvestre a commencé à s’effondrer.En voyant leurs chefs s’échapper dans un sauve-qui-peut général et désordonné, les Regulares en ont fait de même. Et ceux qui ne l’ont pas fait sur le moment l’ont fait plus tard. En ordre. Par exemple, de tout le groupe historique des Regulares de Melilia n°2, seuls un officier indigène, un sergent et dix soldats marocains sont restés fidèles à l’Espagne, le reste est passé à l’ennemi. La réponse de l’armée espagnole sera la création d’un cinquième groupe de Regulares, celui d’Al Hoceïma n°5, étroitement surveillé en raison de la méfiance ambiante envers l’élément musulman de l’armée coloniale.
Mais il y a eu quelques attitudes chevaleresques. Au début des années 1980, l’historien marocain Germain Ayache racontait à ses visiteurs hispanistes l’histoire de ce sous-officier rifain, Bouhout, qu’il avait rencontré dans les années 1970, vieux et presque aveugle, et qui lui avait expliqué comment il avait déserté les Regulares au lendemain du déclenchement de la Guerre du Rif. Avant de partir, Bouhout avait pris soin d’enlever son uniforme pour ne pas trahir les prestigieuses médailles qu’il avait gagnées au combat.

Les Regulares à la rescousse
Après la guerre, en 1927, l’armée espagnole s’entête à poursuivre et punir les Regulares qui ont pris fait et cause pour leurs frères marocains. Ceux qui ne sont pas fusillés sont embastillés pour de longues périodes, comme Bouhout.
Quand éclate la Révolution de 1934, ou Révolution des Asturies, du nom de cette région minière du Nord de l’Espagne qui s’est soulevée contre Madrid, le gouvernement républicain de droite commence par faire appel à l’armée régulière pour étouffer l’insurrection. Mais la grève révolutionnaire lancée par les syndicalistes d’obédience socialiste, communiste et anarchiste ne peut pas être matée. Les mineurs asturiens, très bien organisés, disposent de dynamite en abondance : ils ont vidé les arsenaux de la police, de la Guardia Civil et de l’armée, ainsi que les stocks de deux usines d’armement situées dans la région. En quelques jours, ils ont constitué une armée forte de 30 000 travailleurs baptisée « Armée rouge asturienne » (Ejército Rojo asturiano).
Au début, le gouvernement cherche à temporiser, à gagner du temps, mais bientôt des informations alarmantes arrivent à Madrid. L’armée révolutionnaire se prépare à marcher sur la capitale. Et la Catalogne, une autre région espagnole, déclare son indépendance. Se fiant moyennement à l’efficacité de l’armée régulière dans ce genre de situation, le gouvernement espagnol fait appel à un jeune militaire du nom de Francisco Franco Bahamonde, qui a gagné ses galons de général durant la Guerre du Rif. Le futur Caudillo a la particularité d’avoir commandé, au début des années 1910, l’un des premiers tabors de Regulares. C’est lui qui va avoir l’idée de faire appel à la Légion et surtout aux unités de choc marocaines qu’il fait venir en Espagne.
Comme c’était prévisible, la répression est terrible. La Légion et les Marocains, dont la plupart sont des vétérans de la Guerre du Rif, ne font aucun quartier. Avant de lancer les légionnaires et les Regulares contre les ouvriers asturiens, leurs chefs, spécialement le lieutenant colonel Juan Yagüe, les incitent à se montrer cruels et impitoyables. En quelques jours, deux semaines seulement après le déclenchement de l’insurrection, les principales villes des Asturies comme Oviedo et Gijon tombent aux mains des Marocains. Dans certaines localités, les responsables des syndicats parviennent à supplier les militaires espagnols de ne pas laisser entrer les Marocains en échange d’une reddition sans conditions. La Révolution des Asturies est écrasée, liquidée.
C’est la première fois que les Marocains combattent en nombre en Espagne depuis la Reconquista, à l’époque des Rois catholiques. Transposant en Espagne des méthodes de guerre jamais vues dans la péninsule, ils donnent naissance à la légende du « Moro » qui vient pour détruire, tuer et violer.

Au service de Franco
Deux ans plus tard, quand le coup d’Etat militaire contre la république échoue en Espagne, c’est tout naturellement vers les groupes de Regulares que se tournent les têtes visibles du soulèvement, dont un certain général Franco. C’est ce dernier que ses compagnons chargent de prendre la tête de la rébellion au Maroc, berceau et avant-garde des Regulares qui vont bientôt déferler sur l’Espagne.
La Révolution des Asturies a été un laboratoire pour les militaires rebelles. Et comme l’expérience « marocaine » a été concluante, ils se chargent de la répéter, cette fois-ci à grande échelle. Et avec des Marocains toujours à l’avant-garde, avec cette réputation de férocité qui fait trembler les fronts d’Espagne. Dans l’arrière-garde, dans une prison militaire près de Nador, des officiers en quête de combattants expérimentés pour les expédier en Espagne vont chercher l’ex-sous-officier Bouhout, incarcéré depuis la fin de la Guerre du Rif. Il refuse de s’engager. « Quand on a combattu pour un idéal, le Rif libéré de toute présence étrangère, on ne le change pas », confiera-t-il en substance à Germain Ayache quelques décennies plus tard.
La Guerre civile espagnole va durer un peu moins de trois ans (juillet 1936-avril 1939). Les cinq groupes de Regulares font ce qu’on attend d’eux : la guerre. Ils participent à quasiment toutes les batailles, les petites et les grandes, combattent sur tous les fronts, suppléant toujours les unités européennes défaillantes. Quand l’expédition militaire italienne envoyée par Mussolini se fait trucider à Guadalajara, en mars 1937, l’état-major espagnol fait appel aux unités marocaines. A chaque groupe de soldats italiens et espagnols on ajoute un marocain. Le front, perdu par les Italiens, est tenu et consolidé.

Un rôle occulté
La Guerre civile espagnole a été étudiée dans tous ses recoins. Des dizaines de milliers d’ouvrages ont paru depuis la fin de la guerre, cependant très peu de livres, qu’on peut compter sur les doigts d’une seule main, évoquent la participation marocaine dans ce conflit fratricide. Pourtant, son rôle a été décisif dans les batailles qui ont assuré la prédominance des militaires rebelles sur les républicains et a changé le cours de la guerre. Les Marocains ont été partout. Dans les terribles combats de la Cité universitaire de Madrid, qui n’est pas tombée mais est restée isolée, à Tolède, Bilbao, Oviedo, Teruel, Brunete, Gandesa, etc. Et surtout sur le front de l’Ebre, une cataclysmique et meurtrière confrontation qui a décimé des dizaines, voire des centaines de combattants venus du Rif, de Jebala, de Gomara, de Sidi Ifni, du Sahara et d’autres contrées, sans oublier quelques têtes brûlées venues de la zone française du protectorat. La seule consolation face à tant de morts, de blessés et d’invalides, tous victimes d’une guerre qui n’était pas la leur, c’est que la bataille de l’Ebre a été gagnée.
Pourtant, à leur retour au pays, les Marocains ont fait le récit de leur épopée. Des histoires racontées autour d’un feu dans les montagnes du Rif ou dans un paisible café de Chaouen. Comme celle de la colline du suicide : onze combats au corps-à-corps pour occuper un pic de montagne, jugé stratégique par les deux états-majors, le nationaliste et le républicain. Cinq ont été gagnés par les républicains, six par les Marocains qui l’emporteront définitivement. Ou comme cette histoire incroyable d’une vengeance sur le front, près de Saragosse, décrite par l’un des survivants. Isolé dans un point précis du front avec pour mission de surveiller les mouvements de l’armée républicaine, les membres d’un tabor marocain se laissent porter par le sentiment de calme dans cette zone, leurs sentinelles entretenant des relations verbales cordiales avec celles de l’armée en face. Cette accalmie dure jusqu’à ce qu’un matin, les Marocains trouvent jeté dans le ruisseau séparant les deux armées le cadavre de l’un d’eux. Il s’agit du prêteur du tabor, celui qui prêtait l’argent aux combattants. « Il s’était perdu en descendant prendre de l’eau dans la rivière et il a été tué. C’était un gentil garçon, plus habile avec l’argent qu’avec le fusil, mais c’était la guerre et nous avons accepté sa mort. Par contre, ce que nous n’avons pas accepté, c’est la manière avec laquelle les rouges l’ont tué. Après l’avoir tué, ils lui ont crevé les yeux et coupé les mains et les pieds. C’était un geste cruel et gratuit. Ils voulaient peut-être nous terroriser. Ils se sont trompés », relate ce survivant.
Le lendemain, une jamaâ réunissant les vétérans du tabor choisit une douzaine de soldats pour venger leur camarade. Pour ne pas être considérés comme des déserteurs, ils préviennent leur officier espagnol qui refuse de les suivre, est menacé de mort et préfère donc partir à Saragosse pour ne pas avoir à cautionner ou interdire l’expédition vengeresse de ses hommes. Le lendemain matin, le camp d’en face, celui qui a assassiné leur camarade, se réveille détruit et baigné de sang. Les Marocains l’ont occupé pendant la nuit, ont passé au couteau tous les républicains qui s’y trouvaient et l’ont vidé complètement. Le front a été rompu à ce point précis sans que personne, ni les rebelles ni les républicains, ne s’en rende compte. La vengeance a été menée à son terme. La réputation des Marocains de terribles gens de guerre est amplement méritée.

Le Caudillo s’affole
Après la guerre civile, les Marocains s’attendent à une démobilisation massive, mais elle n’a pas lieu. Gouvernée désormais par ce petit homme sec et rancunier surnommé le « Caudillo par la Grâce de Dieu », le Généralissime Franco, l’Espagne a choisi le camp de l’Axe (Allemagne, Italie, Japon) sans pour autant envoyer ses armées à la conquête de l’Europe. Franco a d’autres projets. Premièrement, s’accaparer une partie de la zone française du Maroc, une vieille revendication de Madrid qui s’est toujours considérée spoliée par Paris après le traité de protectorat en 1912. Franco veut profiter des déboires français face à l’Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale. En vain. Mais il se console avec l’occupation « provisoire » de Tanger, cité internationale, en juin 1940, par la Mehalla khalifienne (petite armée du khalifa à Tétouan), en fait par les Regulares déguisés en « mehallistes », afin de « maintenir sa neutralité ». En réalité, une annexion pure et simple qui durera le temps que durera la Seconde Guerre mondiale. En 1945, les Espagnols partent aussi rapidement qu’ils ont débarqué.
Mais, là où les Espagnols vont avoir très chaud, c’est durant l’opération Torch, nom de code donné au débarquement des forces alliées en novembre 1942 dans les territoires français d’Afrique du Nord qui dépendent encore de Vichy (lire « Lumière sur l’opération Torch », Zamane n°22-23). La concentration des forces marocaines dans le protectorat espagnol est extrêmement élevée. Madrid s’est préparé à cette éventualité en créant en 1940 cinq autres groupes de Regulares : le Groupe de Regulares de Chaouen n°6, celui de Llano Amarillo n°7, celui du Rif n°8, celui d’Asilah n°9 et enfin celui de Baba-Taza n°10. Les archives espagnoles signalent une préparation et une nervosité extrême de Madrid, prête à faire face à une invasion de la zone espagnole par les armées alliées. Une invasion qui n’aura pas lieu, au grand dam des républicains espagnols qui se voyaient déjà revenir à Madrid sur les chars américains.
Mais pour Franco, le danger est ailleurs. Chez lui. Grand soutien du nationalisme marocain, du moins celui de la zone sous influence française, le Caudillo croit à un soulèvement militaire des Regulares quand, quelques mois avant l’indépendance du Maroc, en 1956, ses services de renseignement l’informent d’un incident qui a eu lieu à Ksar El Kébir, près de la frontière avec la zone sous influence française. Au plus fort de l’agitation anti-française au Maroc, des officiers et des soldats du Groupe de Regulares indigènes de Larache n°4, l’un des groupes historiques, auraient commencé à préparer un soulèvement contre le protectorat espagnol. C’est du moins la version des services secrets espagnols. Pour éviter une rébellion armée imminente, Franco ordonne le transfert d’un tabor à Asilah, puis fait contrôler le reste du groupe par une unité de la Légion. Selon les archives encore sous le sceau du secret de l’armée espagnole, en plus des interrogatoires auxquels ont été soumis les soldats marocains, les légionnaires se sont montrés extrêmement violents en paroles envers les combattants marocains, y compris les officiers musulmans. La tension est apparemment arrivée à une telle extrémité que Franco décide précipitamment de dissoudre le Groupe de Larache n°4.

Retour au bercail
Avec l’indépendance, l’Espagne, en accord avec les nouvelles autorités marocaines, entame un long repli des troupes de Regulares vers l’Espagne qui va durer jusqu’en 1961. Mais la plupart des groupes sont dissous faute d’hommes, puisque l’immense majorité des soldats et officiers qui les composaient, à l’instar du général Mohamed Ameziane, préférèrent rejoindre la nouvelle armée marocaine. Il ne reste plus que deux groupes, dont la dénomination change également. Les Groupes de Forces Regulares indigènes se transforment en Groupes de Forces Regulares d’infanterie, basés à Sebta et Melilia. Avec le temps, l’élément marocain qui avait choisi de rester dans l’armée espagnole disparaît complètement. Actuellement, dans ces unités, les seuls à avoir conservé l’uniforme spécifique des Regulares historiques sont des Européens ou des Musulmans espagnols de Sebta et Melilia.
Aujourd’hui, si l’apport humain marocain est apprécié dans les armées françaises, surtout l’armée de terre et la Légion étrangère, une règle non écrite interdit à l’armée espagnole de recruter des Marocains. Seuls les Musulmans de Sebta et Melilia, qui ont la nationalité espagnole, sont présents dans l’armée de notre voisin du Nord. Racisme ? Méfiance envers les citoyens d’un Etat qui revendique les deux principales places militaires espagnoles en terre marocaine ? Un peu des deux.
Restent les survivants, les vétérans, ceux qui ont porté l’uniforme des Regulares et qui ont versé leur sang pour l’Espagne, qu’importe la cause. Ces vieux messieurs appuyés péniblement sur des bâtons qu’on croise souvent dans les grandes villes du Nord du Maroc sont aujourd’hui moins de 400 et chaque année qui passe il en disparaît une vingtaine. Mais ces terribles combattants d’une toute aussi terrible guerre sont oubliés, marginalisés. Leurs retraites sont tout aussi misérables que la situation économique de l’Espagne actuelle et, contrairement aux anciens Goumiers marocains, leurs pensions n’ont pas été alignées sur celles de leurs camarades d’armes espagnols et ils n’ont pas le droit de bénéficier de la sécurité sociale espagnole. Une grande injustice, teintée d’un certain racisme, œuvre d’une gauche qui n’a pas oublié ses vainqueurs. En 1996, le parlement espagnol a octroyé la nationalité espagnole aux anciens combattants étrangers de la Guerre civile. Mais pour les Marocains, ceux qui ont gagné la guerre, il n’en a pas été question.

Par Adnan Sebti

Tags: guerre rifRegulares
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Commentaires 8

  1. Najmi Said says:
    5 ans ago

    L’article parle d ‘ un certain sous-officier nomme Bouhout. Est ce qu’il y q plus de details sur ce sous-officier qui risque d(etre mon grand pere?

    Répondre
    • Tanjaoui says:
      3 ans ago

      Il s’agit d’un Caïd Rifain, d’abord favorable à l’occupation espagnole, qui a déserté pour rejoindre le camp de Mohand Abdelkrim El Khattabi. Il semble qu’une avenue porte même son nom à Tanger dans un quartier à forte concentration rifaine (chari3 Abdslam ben bohout)

      Répondre
  2. André says:
    4 ans ago

    l’Histoire espagnole a oublié ces soldats marocains d’élite auquel l’Espagne n’accorde toujours aucune reconnaissance, dites-vous ?

    « Comme c’était prévisible, la répression est terrible. La Légion et les Marocains, dont la plupart sont des vétérans de la Guerre du Rif, ne font aucun quartier…
    Dans certaines localités, les responsables des syndicats parviennent à supplier les militaires espagnols de ne pas laisser entrer les Marocains en échange d’une reddition sans conditions. La Révolution des Asturies est écrasée, liquidée. »

    Des espagnols (hommes, femmes et enfants) massacrés chez eux par des marocains « impitoyables », même au service d’autres espagnols, ceci explique peut-être cela, non ?

    Et vous voudriez que L’Espagne démocratique d’aujourd’hui, en plus d’être un pays encore profondément chrétien, « honore » des musulmans qui se sont battus pour la dictature franquiste et qui se sont montrés, tout le monde le sait, particulièrement barbares, sauvagerie étant le mot retenu par tous les témoins pour définir leur attitude…?
    Vous savez quoi ? moi qui suis d’origine espagnol je vous dis d’aller vous faire foutre, vous et vos assassins de « regulares ».

    Répondre
  3. kichouhi el houcine mohamed says:
    4 ans ago

    je suis le fils de l’ancien combatant sargent a soldat regulares 18em bataion

    Répondre
  4. babacool says:
    4 ans ago

    quand on compare l armée française à l armée espagnole à cette époque il y avait une grande difference mon grand père a été bien recompensé à la fin de son passage à l armée française il a eu sa solde une retaite rémunerée et un metier ..c est vrai il n etait pas dans une zone tres dangereuse il avait la chance d etre au liban- syrie ..beyrouth olep

    Répondre
  5. babacool says:
    4 ans ago

    dans son carnet d minestère de la guerre ils montionnent des signalements taille ,couleur des yeux etc ..mon grand père lui ont mentionné un tatouage à la main gauche je crois à cause de ce tatou qu il me faisait peur moi et tous les jeunes du quartier ..

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  6. Najat AÏCH says:
    3 ans ago

    Bonjour,
    J’ai mon grand pere qui a combattu dans les rang espagnol en 1936. Il s’appelait Abdeslam AÏCH. Il y est resté plus d’1 an puis il a été blessé, il est donc retourné au Maroc. Il percevait une pension du fait qu’il ai était blessé durant la guerre.
    Je souhaiterai trouver des informations a son sujet, mon père ne l’a quasiment pas connu, et ne sait pas à quoi il ressemble.
    Savez vers quel service je peux me tourner afin d’avoir des infos, photos ect…
    Je ne parle pas espagnol.
    Merci
    Najat

    Répondre
  7. Momoce says:
    2 ans ago

    Mohamed bouhout mon àrriere grand père je l es en photo

    Répondre

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