À l’image de l’ambiguïté qui a marqué l’ère des Wattassides et des Saâdiens, Marocains et Ottomans ont toujours cultivé une cordialité teintée de flou et d’ambivalence. Complexe, très complexe.
C’est paradoxalement quand les Ottomans, venaient de conquérir Constantinople, ou la cité de Constantin en 1453, que les musulmans de l’aire occidentale allaient perdre Grenade en 1492. Les rapports entre Dar al islam et la Chrétienté vont changer de nature, les musulmans seront en déclin, et les chrétiens en courbe ascendante. Mais une relative période de parité va persister, où la confrontation se déroulera entre les deux mondes sur terre maghrébine, par Espagnols et Ottomans interposés. Le Maroc sera un enjeu entre les deux superpuissances de l’époque. Porté par un élan de solidarité de ses coreligionnaires ottomans, le Maroc devra néanmoins ménager ses voisins du Nord, plus forts et conquérants.
Il optera pour un jeu de bascule où, des fois, il sollicite l’aide des Ottomans. Mais, une fois la menace chrétienne repoussée, il se distance des Ottomans, pour faire valoir son autonomie, voire pour se présenter en prétendant du califat, s’estimant plus légitime à assumer la haute charge, avec les Saâdiens, qui sont arabes et se veulent même chérifs, c’est-à-dire descendants du prophète. Ce fut la séquence la plus tourmentée dans les relations entre la Sublime Porte et le Maroc.
Par Hassan Aourid
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