Le maraboutisme au féminin demeure un phénomène marginal. Pourtant, les femmes saintes ont une place sociale tout aussi importante que celle de leurs illustres homologues masculins. Etude.
Elles sont des dizaines disséminées sur tout le territoire. Guérisseuses, savantes, charismatiques ou faiseuses de miracles, les saintes au Maroc sont toujours visitées par des pèlerins fidèles qui honorent régulièrement leur mémoire. Elles font incontestablement partie du patrimoine spirituel marocain mais n’attirent que rarement la curiosité des chercheurs. Ce peu d’intérêt ne reflète pourtant pas le rôle que remplissent les saintes dans la tradition sociale maraboutique du pays. A l’instar des hommes, elles sont considérées comme un repère spirituel pour de nombreuses populations attachées aux personnages ayant marqué leur région. Elles ne figurent pourtant que très peu dans les écrits de référence chargés de répertorier ou d’étudier les mausolées et leurs saints. Un vide qui a poussé le docteur Mustapha Akhmisse, passionné par le sujet, à sillonner le pays de nombreuses années durant. Auteur du livre « Rites et secrets des saintes du Maroc », il s’étonne de la discrétion des écrits : « Les hagiographes se sont toujours arrangés pour ne consacrer aux saintes que quelques lignes dans leurs travaux. Souvent, ils ne reconnaissent leur sacralité que lorsqu’elles sont les parentes d’un saint homme ». Si leur absence est remarquée dans les textes, les récits oraux n’omettent pas de rapporter les légendes qui leur sont liées.
Par Sami Lakmahri
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