Khadija El Manouzi, mère du célèbre disparu Houcine El Manouzi, s’est éteinte le 30 octobre dernier à Casablanca, à l’âge de 94 ans. Pour Zamane, son fils, le docteur Abdelkrim El Manouzi, raconte sa vie et ses combats.
« Maman a vu le jour en 1922 au village de Tizi, dans la tribu d’Amanouz, à la frontière du Souss et de l’Anti-Atlas. Elle a perdu sa mère dès l’âge de 8 ans, et c’est son père et son grand-père qui se sont chargés de son éducation. Elle n’a jamais été à l’école, elle parlait le tamazight et très peu l’arabe. Elle nous a appris le berbère, mais aussi le courage, la patience, la persévérance et l’amour de notre pays. Elle nous parlait de Tamazirt (le bled) et de ces fameuses années 1930 marquées par la famine, quand les gens devenaient herbivores pour survivre et mouraient de dénutrition.
Ses pensées l’ont toujours ramenée à la bataille d’Aït Abdallah en 1934. A l’époque, la France finit de pacifier le Maroc et les combattants berbères ont établi une dernière ligne de défense au pied des chaînes montagneuses. Son père, Mohamed Agnagay, et son grand-père avaient rejoint les partisans. Elle se rappelle de son père, disant adieu à ses enfants en les enjoignant de ne jamais se soumettre, de vivre et mourir libres ».
Les colons à Tamazirt
Les deux hommes ont alors rejoint leurs camarades dans la région d’Aït Abdallah. Les combattants étaient armés de fusils appelés bouhabba et rbaia (4 balles). En face, les forces coloniales étaient surarmées et pouvaient compter sur l’appui de leur aviation. Le père est tué dans la bataille et le grand-père sérieusement blessé. Malgré les demandes de la famille, la dépouille du défunt ne leur jamais été remise. Maman est morte sans connaître le lieu d’inhumation de son père. Cela a été la source d’un très grand chagrin pour elle, qui n’a jamais pu se recueillir sur sa tombe.
Par Abdelkrim El Manouzi
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