S’inspirer des meilleurs pour durer. Cela aurait pu être la devise du makhzen qui, pour se renouveler et perdurer, a parfois copié sur ses voisins, les Andalous, les Ottomans et, plus étonnant, les Zaouïas. Tour d’horizon.
Au fil du temps, Dar El Makhzen, loin d’être une institution hermétique, a évolué sous l’influence de plusieurs cultures. La première étant sans conteste l’influence andalouse, elle-même fruit d’un mélange entre chrétiens et musulmans. Celle-ci remonte au moins à 1212, année qui marque le début de l’effondrement d’Al-Andalus. En effet, les royaumes chrétiens s’allient et remportent la victoire de Las Navas de Tolosa, avant de conquérir le Sud de la péninsule, sauf Grenade. Conséquence ? De nombreux Morisques (musulmans convertis de force au catholicisme) fuient en Afrique du Nord, et notamment au Maroc. En tout, entre 300 et 500.000 réfugiés ont reflué au Maroc entre le XIIIème et le XVIème siècle. En 1212, au Maroc, c’est la dynastie berbère des Almohades qui gouverne. Et justement, elle considère la cour andalouse comme un modèle. À Marrakech, capitale des Almohades, le minaret de la Koutoubia érigé entre 1120 et 1162 et la Tour Hassan à Rabat, entamée en 1196 mais jamais achevée, ressemblent à la Giralda de Séville. Les Andalous sont appréciés pour une forme de savoir faire citadin, combinant le adâb (bagage de l’honnête homme) et l’art de faire en politique. Le makhzen recrute alors ses scribes et ses secrétaires au sein des colonies andalouses, «qui se juxtaposent sans se fondre à l’élite des grandes cités», affirme Daniel Rivet. Lettrés, cultivés, raffinés, les scribes andalous possèdent aussi un style littéraire ampoulé, très recherché.
Lire la suite de l’article dans Zamane N°98 (janvier 2019)