Au cours de la deuxième moitié du XVIIIème siècle les relations du Maroc avec le monde extérieur ont connu des changements profonds. Le sultan Sidi Mohammed Ben Abdallah, qui était aux commandes du pays de 1757 à 1790, décida non seulement de mettre le Maroc sur la voie de la modernité sur le plan interne, mais opta aussi pour une refonte fondamentale des relations politiques et diplomatiques avec le reste du monde. D’où l’idée d’une ambassade à Vienne…
Le XIIIème siècle connait déjà le monde moderne avec une expansion militaire et économique sans précédent du bloc occidental. Dorénavant, le reste du monde se limitera au rôle de celui qui subit la politique et les actions de ce bloc. Dans le domaine de la puissance navale en particulier l’Europe avait déjà imposé sa domination sur les mers et aucun coin du globe ne lui échappait. En face des flottes européennes constamment rénovées les bâtiments de guerre marocains paraissaient pour l’historien Naciri comme un «amas de bois pourri». Naciri, en tant que ‘alim cette fois-ci, émit une fatwa selon laquelle le jihad ne serait plus une obligation pour les musulmans car il ne pourrait mener qu’à la ruine et à l’humiliation. Sidi Mohammed Ben Abdallah était de cette opinion et croyait que le temps était venu pourrevoir la naturedes relations avec les nations chrétiennes et par conséquent considérer une refonte des bases mêmes de la politique étrangère du Maroc. La refonte de la politique étrangère de ce sultan devait reposer sur deux considérations essentielles. Un rapprochement avec les pays islamiques qui, comme le Maroc, devaient faire face au défi grandissant des puissances occidentales. C’était surtout le cas de l’empire ottoman dont les territoires situés dans les Balkans étaient constamment grignotés par la Russie et l’empire austro-hongrois. D’autre part, le sultan opta pour une politique de paix et de coexistence avec les puissances chrétiennes comme condition essentielle de survie dans un monde dangereux et incertain.
Par Mohammed El Mansour
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