En 1978, Hassan II annonce la découverte possible de gisements pétroliers au royaume. Mais derrière cette annonce se profile une vaste escroquerie dont sont victimes le Maroc et la France.
Saviez-vous que le Maroc est probablement le premier pays «arabe» où le pétrole est découvert ? Dans les premières années du Protectorat, le pétrole ne supplante pas encore le charbon comme principale source d’énergie. Les autorités françaises, à la pointe de la recherche, misent beaucoup sur l’utilité de cet étrange liquide noir. Pour ce faire, tous leurs espoirs reposent sur la toute nouvelle acquisition coloniale : le Maroc. De nombreux indices orientent les ingénieurs français sur ce territoire, dont ils attendent des merveilles. Dès 1916, les ingénieurs ne peuvent s’empêcher de penser que le gigantesque incendie qui se produit à Jbel Tselfat, tout près de Sidi Kacem et visible la nuit depuis Fès, est alimenté par des résidus pétrolifères en surface. Juste avant des découvertes de gisements colossaux sur le territoire algérien, les Français sont donc persuadés que c’est au Maroc que leur salut énergétique se profile.
À l’époque, les ingénieurs ne disposent que de faibles connaissances sur la nature des gisements d’hydrocarbures. Ils ne comprennent pas encore que le pétrole qui paraît abondant dans la région de Sidi Kacem n’est en réalité que les restes d’un gisement appelé «fractionné», c’est-à-dire qu’il n’existe pas en quantité dans une seule nappe. Ce type de pétrole est fréquemment éjecté à la surface sans que sa quantité soit pour autant importante. D’ailleurs, de nombreux témoignages qui datent d’avant la colonisation française témoignent de l’utilisation dans certaines régions du Maroc de ce liquide inflammable. Les habitants des sites concernés prennent l’habitude de creuser des trous, avant de les voir se remplir naturellement de pétrole le lendemain. La précieuse récolte est utilisée le plus couramment comme combustible afin d’éclairer les lampes. Ces signes trompeurs sont les premiers d’une longue série qui fera croire au Maroc que sa transformation en pétromonarchie n’est plus qu’une question de temps. Force est de constater que les désillusions sont devenues aujourd’hui monnaie courante. La première d’une ampleur sans précédent remonte à la fin des années 1970. À cette époque, le Maroc se retrouve pris dans une grande affaire d’escroquerie dont est victime l’État français en premier lieu. En 1983, l’hebdomadaire satirique parisien Le Canard enchaîné révèle l’envergure de la farce, connue aujourd’hui sous l’appellation de «L’affaire des avions renifleurs».
Par Sami Lakmahri
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