Les médinas seraient-elles l’épilogue de notre quête de l’authentique architecture marocaine ? D’apparence immuable, le cœur des villes marocaines est aujourd’hui teinté d’un folklorisme habilement vendu dans les brochures touristiques. Mais leurs évolutions montrent que malgré les apparences, les médinas sont loin d’être un vestige figé de l’Histoire…
Des enceintes parsemées de portes, un lieu de culte, un marché et des habitations. L’embryon de l’urbanisme est basé sur ces éléments que les archéologues retrouvent dans les vestiges des plus anciennes cités humaines. Ces traces nous font remonter à l’aube de la civilisation, autour de 6000 avant l’ère chrétienne. Les débuts de l’urbanisme se sont ainsi formés en Mésopotamie, là même où se trouvent aujourd’hui les plus vastes et anciennes médinas du monde arabo-musulman. Un raccourci certes un peu facile, mais qui rattache finalement ces structures urbaines à l’essence même de la notion de ville. C’est probablement cette apparente simplicité qui fait des médinas des vestiges d’un autre temps. Mais leur réalité est plus complexe et leur parcours moins linéaire qu’il n’y paraît. D’ailleurs, le mot médina, littéralement «ville» en langue arabe, ne surgit concrètement qu’à la période coloniale. Il vient ainsi différencier la «ville indigène» de la «ville nouvelle» ou «européenne», construite pour et par les colons européens. Une séparation qui ne signifie pas pour autant que les médinas restent figées, piégées par le temps et les traditions. C’est même tout le contraire.
Par Sami Lakmahri
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