À la veille du Protectorat, les tribus insurgées contre le Makhzen cherchent désespérément une alternative au sultan Moulay Hafid. C’est ainsi qu’apparaît la figure discrète d’un certain Moulay Ezzine el-Abidine, demi-frère du souverain régnant. En quelques semaines, il constitue une véritable cour autour de lui et tente de renverser l’ordre établi. Récit d’une prétention oubliée…
Moulay Ezzine coule des jours paisibles dans sa grande demeure au cœur de la vielle ville de Meknès. Tandis que Fès et son sultan sont assiégés, que le pays est en proie au chaos, que les chrétiens investissent peu à peu les terres musulmanes du Maroc, Moulay Ezzine préfère se tenir à l’écart de telles vicissitudes. Fils de l’illustre Moulay Hassan (1873-1894), cet homme dont on se sait que peu de choses a, semble-t-il, observé de loin la querelle pour le trône qui a opposé ses deux demi-frères Moulay Hafid (1908-1912) et Moulay Abdelaziz (1894-1908) tout au long de la première décennie du XXème siècle.
Si cette période est cruciale dans l’Histoire du Maroc, Moulay Ezzine n’était pas destiné à en être un acteur. Mais les évènements vont sérieusement s’emballer en ce mois d’avril 1911. Dans la nuit du 16, des invités inattendus frappent à la porte du prince alaouite. Ils sont envoyés par les notables des tribus frondeuses qui, au même moment, tiennent le siège autour de Fès dans le but d’en déloger le sultan Moulay Hafid. Tandis que ce dernier sollicite le secours de l’armée française, les assaillants planifient déjà sa succession.
Par Ghassan El Kechouri
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