Une fois n’est pas coutume, Zamane vous parle de sport. Si certaines disciplines sont encore capables de coups d’éclats, les derniers Jeux Olympiques tenus l’été dernier à Tokyo ont été l’occasion de constater un long déclin de ce domaine au Maroc. L’Athlétisme, traditionnellement fer de lance des performances marocaines, en est l’illustration la plus flagrante. Aziz Daouda, ancien patron de la discipline durant sa période dorée, se dévoile dans cet entretien. Tout en mêlant son parcours à celui du sport au Maroc, il revient sur les raisons d’une longue agonie, évitable selon lui. Aziz Daouda a été derrière les succès des grands champions nationaux comme Aouita, El Moutawakil, El Guerrouj et bien d’autres. Aujourd’hui, celui que se décrit comme un théoricien, revient sur la place du sport dans notre société, et donne les clés, qui expliquent tant les réussites que les échecs.
Quelle place accordez-vous au sport dans la vie d’une société comme la nôtre ?
Tout système de santé commence par l’activité physique. Nous traversons en ce moment une grave pandémie. Et qui s’en sort le mieux ? Eh bien ce sont les biens portants, dont la plupart pratiquent une activité physique régulière. Pour un Etat, l’investissement dans le sport est bien moins élevé que dans les outils du système de santé. Des terrains de sport coutent moins cher que des hôpitaux, du matériel et du personnel médical. Bien entendu, c’est une politique à long terme, mais qui participe activement à une population en meilleur santé, et qui devrait être une véritable affaire d’Etat. Un tel effort permettrait naturellement l’éclosion de sportifs de haut niveau, capables de faire briller le Maroc dans les compétitions internationales.
Y’a-t-il d’autres enjeux ?
Aujourd’hui, le sport génère une manne financière d’une puissance inouïe. Savez-vous que la plus grande multinationale du monde s’appelle la FIFA. Aucune autre entité n’a autant de succursales que l’instance du football mondial. Notre FRMF (Fédération Marocaine Royale de Football) n’est qu’un rouage d’un système tentaculaire. Le chiffre d’affaire colossal de cette industrie s’appuie sur un capital quasiment illimité. Prenez l’exemple du petit terrain de la ville de Zemamra ; eh bien, il fait lui aussi partie de ce capital. L’économie du sport est un sujet complexe qui mérite, au Maroc, des études à la hauteur des enjeux.
Propos recueillis par Sami Lakmahri
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