En 1785 et 1786, deux émissaires marocains à Istanbul ont pu donner leurs impressions sur le déclin de la plus grande puissance islamique de son temps.
Au cours du XVIIIème siècle, le monde islamique traversait une phase difficile de son histoire, caractérisée par la montée en puissance des nations chrétiennes, alors que les pays musulmans étaient minés par une crise civilisationnelle chronique. Les diagnostics de cette crise émanaient le plus souvent d’observateurs occidentaux, mais pas toujours. Pendant la deuxième moitié du XVIIIème siècle, les relations entre le Maroc et l’Empire ottoman se sont améliorées comme jamais auparavant. Un des facteurs expliquant ce rapprochement était la pression grandissante des puissances occidentales sur le monde islamique. Les deux sultans ottoman et marocain évoquaient dans leur correspondance la “fraternité islamique” dans le cadre d’un processus qu’on pourrait qualifier de panislamisme précoce. Le sultan Sidi Mohammed Ben Abdallah dépêcha à Istanbul pas moins de vingt ambassades au cours de son règne. Un record pour les sultans chérifiens du Maroc, Saadiens et Alaouites confondus.
Les plus illustres parmi ces ambassadeurs étaient Abu al-Qasim al-Zayani (mort en 1833) et Mohammed Ibn Uthman (mort en 1799), tous deux de grands commis du Makhzen.
Par Mohamed El Mansour
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