Dès le début du protectorat, en 1912, la France se rend compte très vite qu’au Maroc «gouverner, c’est pleuvoir». C’était pour souligner l’importance vitale des précipitations dans un pays semi-aride comme le nôtre. Après l’indépendance, Hassan II ira plus loin en disant qu’au Maroc, pleuvoir ce n’est pas seulement une question de gouverner, mais d’exister en tant que nation.
Le défunt roi, après une réflexion approfondie sur l’histoire des sécheresses au cours du dernier millénaire, s’est rendu à l’évidence en admettant que la parcimonie pluviale avait bel et bien fini par balayer pas mal de dynasties marocaines. Et il a décidé d’en tirer les conséquences…
Comme beaucoup de pays de la zone aride ou semi-aride, le Maroc souffre en effet d’une pluviométrie plutôt déficiente. Les précipitations sont extrêmement irrégulières, et par conséquent l’agriculture devient une entreprise risquée. Certes, les inondations provoquées par des averses constituent un risque occasionnel, mais le manque de pluie est plus fréquent. Seules quelques régions du nord du Maroc reçoivent suffisamment de précipitations pour permettre à l’agriculture pluviale de prospérer. Depuis les temps les plus reculés, la sécheresse a été le principal risque naturel au Maroc. Au moins 49 épisodes de famines liées à la sécheresse se sont produits entre la fin du IXème siècle et le début du XXème. Depuis 1912, lorsque les autorités coloniales ont ainsi commencé à tenir des registres précis : le Maroc a connu entre 20 et 25 ans de sécheresse agricole. L’intervalle moyen entre les sécheresses au cours des 80 dernières années n’a été que de trois ans, sans périodicité détectable.
La sécheresse au Maroc a donc une importance socio-économique importante, puisque la culture des céréales pluviales est la culture prédominante dans le système agricole national.
Par Mohamed El Mansour
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