À la fin des années 1950, une tripotée d’artistes et d’auteurs anticonformistes, libertaires, souvent homosexuels, forcément un peu avant-gardistes, abonnés au paradis artificiel (drogues diverses), étouffent dans une société américaine ultra-consumériste et ultra-puritaine. Ils sont à la recherche d’un refuge. Certains envisagent d’aller à Paris, un peu à la Hemingway dans les années 1920. Sauf que la France d’après-guerre n’est pas spécialement détendue non plus. Alors forcément, la «Dream city» de Paul Bowles, c’est-à-dire Tanger, fait saliver. D’autant plus que tout le monde, ou presque, fantasmait déjà sur cette ville unique au monde, internationale, en Afrique mais si près de l’Europe. Et surtout, où tout (ou presque) est permis. Tanger, somptueuse et sulfureuse, est une vaste cour de récréation ; où le coût de la vie est dérisoire pour un occidental. Ce qui arrange bien les artistes et les écrivains, fauchés comme les blés aux Etats-Unis ou en Europe. C’est ainsi que les Allen Ginsberg, William Burroughs ou encore Gregory Corso posent leurs valises à Tanger. Jack Kerouac aussi bien sur, mais seulement six jours, le temps d’aller à la plage et fumer un peu de cannabis ; contrairement à ce que la légende dorée de la Beat Generation laisse entendre. Cela dit, c’est lui qui a inventé le terme «Beat Generation» pour se décrire lui et ses amis, à la fois «cassés, fatigués, béats et mordus de jazz». Sur place, Paul Bowles fait l’effort de les accueillir, parce que ce sont des compatriotes. Mais là, c’est le point de départ d’une toute autre histoire…
Aucun Résultat
View All Result