Entre faillite économique, effondrement militaire et chaos politique, le Maroc a pourtant bien tenté, malgré tout, de timides réformes, surtout à la fin du XIXème siècle. Pourquoi sont-elles restées sans effet ?
Les réformes ratées de la fin du XIXème siècle sont arrivées dans un contexte particulier : celui du pré-Protectorat, alors que les Marocains se réjouissaient encore de la victoire de la bataille des Trois Rois (1578), quand les Saâdiens avaient vaincu une puissante force ibérique (Portugal) et tenu en respect le menaçant empire ottoman. Cette victoire historique eut un impact durable sur les esprits, même si, concrètement, elle ne fut suivie d’aucun effet, puisqu’elle ne permit ni la récupération des bastions du littoral atlantique ou méditerranéen, toujours entre les mains des Ibériques, ni de repartir à l’assaut d’al-Andalus, ce «paradis perdu» pour les musulmans.
Accrochés au souvenir de Oued al-Makhazine
Le XVIIIème siècle marocain, paradoxalement, et alors que le royaume était sur une pente glissante, a été marqué par cet excès de confiance consécutif à Oued al-Makhazine. En dehors de rares cercles d’initiés, la société marocaine et une partie de l’élite croyait encore fermement à la «suprématie de Dar al-Islam» et ne comprenait pas que l’Europe, en face, était en train de réaliser d’énormes progrès tant techniques (en matière militaire, économique), qu’humains (ouverture à la démocratie, aux sciences, à l’éducation).
Par Younes Mesoudi
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