Pour asseoir sa domination sur les confédérations tribales composant le Maroc de l’époque (XIIème siècle), le calife Abdelmoumen a usé du jeu des alliances, mais aussi d’une violence certaine, faisant des milliers de victimes, essentiellement parmi les Sanhaja.
Les Sanhaja constituent avec les Masmouda les deux grandes ethnies fondatrices de la population marocaine. Des populations Zénètes venues du Maghreb oriental et central s’y rajoutèrent à la suite de l’islamisation du Maghreb et de la conquête d’al-Andalus. Des populations hilaliennes et maqil y vinrent aussi à partir du XIIème siècle et elles contribuèrent à l’arabisation d’une grande partie du Maroc. L’histoire des Sanhaja est celle de pulsations migratoires qui, sur de longs siècles, ont conduit des vagues successives de populations le long d’un vaste couloir allant, par un axe central du Maroc, du Sahara Atlantique aux pays du Rif. À l’est du bloc Masmouda de l’Atlas et de l’Anti-Atlas, ainsi qu’à l’est des plaines et plateaux atlantiques arabisés, on voit en effet se dessiner une longue écharpe qui part du Sahara occidental, traverse les régions préssahariennes (le pays du Drâ’a), le Jbel Saghro et le Haut Atlas centre-oriental et oriental. Cette écharpe se continue dans le Moyen Atlas et ses bordures dans la Moulouya et le Tadla (cette région mal définie que l’on appelait autrefois le Fazaz), pour se terminer dans le Rif central et occidental.
Par Grigori Lazarev
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