Tous les Marocains ont grandi avec des contes qui ont bercé leurs oreilles depuis l’enfance. Transmis de génération en génération, parfois retouchés et remis au goût du jour, selon les normes et standards de l’époque, ces contes sont d’authentiques passages de témoin qui renseignent sur l’état d’une société, ses codes de pensées, ses peurs et angoisses, mais aussi ses rêves, ses aspirations, et jusqu’à ses revendications politiques. Zamane vous invite à un voyage inédit à l’intérieur des mondes parallèles du conte marocain. Un monde fantastique et merveilleux, peuplé de créatures à la fois imaginaires mais facilement transposables dans le réel… Quels sont donc ces contes ? Quels sont leurs codes et leurs origines ? Et surtout que disent-ils de la société marocaine, c’est-à-dire de tout un chacun de nous ? Bonne lecture et bon voyage à tous, de 7 à 77 ans, et plus encore.
Bûcherons, menuisiers, chapardeurs, cuisinières, forgerons, voyageurs, etc. Tout le quidam qui anime une société donnée se retrouve dans le conte. Mais de prime abord, commençons par la définition officielle du conte. C’est l’UNESCO qui nous le fournit: «patrimoine immatériel de l’humanité». Assurément, qui dit conte dit peuple(s). Toutes les civilisations du monde, anciennes et modernes, ont cultivé au fil des générations et fait le plein de récits oraux communiqués de bouche à oreille, et cela depuis la nuit des temps. Une chose est claire. Le conte appartient bien à l’univers de la proto-écriture. Et même après l’invention de l’alphabet, trouvères et troubadours, ménestrels et ménétriers, aèdes et bardes continueront de raconter des contes aussi bien dans les chaumières des pauvres que dans les palais opulents des puissants. En bref, le conte est universel. La question qui se pose sur les personnages est la suivante ; sont-ils des idéal-types, pour reprendre le concept sociologique de Max Weber, répondant donc à un modèle bien structuré et structurant ? Un premier élément de réponse, c’est probablement le folkloriste russe Vladimir Propp (1895-1970) qui nous le sert tout cuit. Dans son ouvrage «Morphologie du conte» paru en 1928, il émet la «théorie des personnages». Dit autrement, le schéma narratif des contes répond à une série de rôles stéréotypés. Dans tous les contes, les personnages viennent remplir des cases fonctionnelles qui témoignent d’une aptitude sociale. Le plus important ; ces rôles stéréotypés sont universels aussi bien dans le merveilleux russe, maghrébin ou japonais. Les voici au nombre de sept : le héros, la demoiselle/princesse en détresse, le méchant, le donateur (pourvoyeur), l’assistant, le répartiteur (mandateur) et le faux-héros.
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