S’il y a un homme qui a autant porté de casquettes sociales, tout en traversant trois règnes dans l’Empire chérifien, c’est bien le Tangérois Haïm Benchimol, un personnage-clé du XIXème siècle marocain.
Àla fois businessman, drogman, directeur de journal, président d’une loge maçonnique, président régional de l’AIU (Alliance Israélite Universelle), courtisan, représentant de Havas, l’agence de presse, philanthrope, agent consulaire…, sa polyvalence laisse pantois. Le détail à présent d’un personnage kaléidoscopique. Un tantinet de généalogie d’emblée s’impose. Les Benchimol. C’est un patronyme de juif séfarade. L’affixe «ben», racine sémitique de fils en hébreu que l’on retrouve également dans la langue arabe avec la copule «ibn», rappelant l’affiliation paternel. Ainsi, les Benchimol sont les fils de Chemoul, en référence au prophète Samuel dans la Bible. La famille a pignon sur rue au XIXème siècle à Tanger. Elle est également présente à Tétouan. C’est donc une lignée de juifs marocains principalement installée au Nord du Maroc. En tout état de cause, les Benchimol sont apparentés à d’autres familles juives de Tanger, Tétouan ou Larache telles les Sicsù, Laredo, Toledano, etc.Haïm Benchimol, lui, est né à Tanger au sein donc de cette famille juive relativement aisée. Sa date de naissance n’est pas certaine ; elle se situe entre 1826 et 1834. Toujours est-il que le statut de Tanger, en tant que capitale diplomatique de l’Empire chérifien, offre de nombreuses possibilités aux Marocains juifs de travailler dans les légations. Cela s’entend. Les Marocains de confession hébraïque avaient une plus grande maîtrise des langues vivantes étrangères que les musulmans. Du coup, ils étaient très sollicités pour servir de traducteurs et d’interprètes dans les diverses ambassades diplomatiques. Ce sont là les fameux drogmans.
Par Farid Bahri
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