Zamane a eu accès à des documents officiels et inédits sur le cas de Batoul Benaïssa, torturée sur instruction de Moulay Hafid qui convoitait le trésor de son mari. Jamais évoquée par les historiens, cette affaire de portée internationale a pourtant fait trembler le trône du sultan.
L’affaire éclate sous la plume de Walter Harris, correspondant du Times au Maroc, vers la fin du printemps 1910. Le journaliste révèle que l’une des femmes de l’ancien pacha de Fès, El Haj Benaïssa Benhammou, a été arrêtée et qu’elle a subi des tortures indescriptibles au sein même de Dar El Makhzen. L’article, ainsi que les rapports des services diplomatiques français et anglais, fournissent des précisions insoutenables quant aux moyens utilisés pour la faire parler1. Batoul Benaïssa aurait été mise aux fers et suspendue à un mur en position de crucifixion. La ârifa (employée du Makhzen), sur instruction du sultan Moulay Hafid et sous sa supervision personnelle, a infligé à la pauvre femme les sévices les plus cruels. En plus des séances de flagellation, « ses seins étaient pris dans un étau », affirme un rapport officiel français.
Dans un premier temps, Moulay Hafid réagit violemment en opposant les démentis les plus formels à ce qu’il considère comme des allégations totalement infondées. Mais la presse anglo-saxonne et française ne lâche pas le morceau. Surtout que la cruauté du sultan n’est plus à prouver. L’histoire des tortures macabres infligées quelques mois plus tôt à Bou Hmara -jusqu’à ce que mort s’ensuive- a fait le tour du monde. Les gouvernements et diplomates européens, intéressés par ce qu’on appelle à l’époque « la question marocaine », sont obligés de réagir.
Par Maâti Monjib
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