Mohamed Osfour, un doux enragé, a rêvé de cinéma à une époque où on ne le permettait pas. Autodidacte, persévérant et ingénieux, voici l’histoire d’un homme qui, un jour, a eu l’audace de se dire «et pourquoi pas moi ?».
Tapez «Mohamed Osfour» dans Google, vous lirez qu’il est le père du cinéma marocain. Parlez-en dans un bar, on s’empressera d’évoquer l’existence d’un mystérieux garage où s’entassent les inventions les plus farfelues du cinéaste. Baladez-vous au quartier Belvédère, à Casablanca, un anonyme, mi-réalisateur mi-musicien, vous racontera qu’ils ont révolutionné la pellicule ensemble. Contactez le Centre cinématographique marocain, et ils vous apprendront que les œuvres du génie osfourien se trouvent au Musée du cinéma de Zagora, sans préciser toutefois que tout est enfermé à la cave, à double tour. Mohamed Osfour a toute sa place au panthéon du cinéma national, il n’est pourtant qu’une chimère. C’est un pionnier. Sous le Protectorat français, entre 1941 (il n’a alors que quinze ans) et 1949, Mohamed Osfour est le premier Marocain à réaliser un film de 45 minutes en huit parties, intitulé «Les aventures du fils de la jungle», ou Tarzan. Après l’indépendance, il est encore le premier à réaliser un long-métrage de fiction, « Le fils maudit », sorti en 1958. Son mérite ne réside peut-être pas tant dans la qualité de ses œuvres cinématographiques que dans son audace, le contexte sociopolitique auquel il s’est frotté et ses créations techniques. Mais pour comprendre cela, il est nécessaire de faire un retour dans le passé, d’aller sur les traces de Mohamed Osfour.
Par Nina Kozlowski
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