La dernière bataille dans les opérations dites de pacification, après celle de Bougafer dans le haut Atlas, est celle de Tazizaoute contre les Ait Sokhmane, à la jonction entre le Moyen Atlas et le Haut Atlas. Elle aura atteint, en termes de barbarie commise par les forces militaires françaises, les limites de l’invraisemblable,selon l’expressiond’un médecin témoinfrançais.
Nous déplorons la rareté d’écrits sur cet épisode. On ne compte que le récit du général Guillaume et la mémoire populaire dans les chants «Izlan» et poèmes «Tifarin»
(pl. tayfaert), avec une stèle estompée entre Aghbala et Imilchil par Bab n’Ouayyad, à la mémoire des éléments français et leurs supplétifs morts à la bataille. Peu pour nous édifier sur une séquence des plus héroïques et des plus douloureuses de notre histoire. Il s’agit pourtant de la bataille la plus mangeuse d’hommes après les batailles du Rif. Deux grandes places d’armes furent déployées, celles de Tadla et de Meknès, pour éteindre le foyer de résistance dans ce dernier carré. Les opérations furent menées conjointement par les deux généraux en charge de leur commandement (Loustal et Dubuisson), avec des escadrilles de l’aviation. La France devait redéployer ses forces en Europe devant la militarisation forcenée depuis l’arrivée au pouvoir de Hitler, en découdre au plus vite avec la résistance au Maroc, en utilisant les gros moyens.
Avec la bataille du Tazizaoute, la «pacification» prend une tournure qui tranche avec le style initié par Lyautey qui consistait à gagner les cœurs. La logique militaire prend, ici, des allures de génocide.
Par Hassan Aourid
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