Quand le sultan Sidi Mohamed Ben Abdallah (1757-1790) a demandé au consul anglais à Tanger d’envoyer un médecin de son pays, le choix s’est porté sur William Lemprière, qui est venu au Maroc, et a appris à connaître le harem du sultan de l’intérieur. Une grande première.
Lorsque les Britanniques occupent le rocher de Gibraltar en 1704, cela marque le début d’une nouvelle page dans les relations du Maroc avec ses voisins chrétiens. La stabilité d’un pays d’Europe du Nord, tout près des côtes marocaines, permettra au royaume de briser le siège catholique qui lui est imposé depuis de nombreux siècles par l’Espagne et le Portugal. Et Gibraltar deviendra la fenêtre du Maroc sur l’Europe et le monde occidental en général.
Un retard militaire et médical
L’arrivée des Britanniques à Gibraltar a permis au Maroc de combler le déficit qu’il avait accumulé dans plusieurs domaines, notamment militaire. Si les Espagnols empêchent le Maroc de recevoir du matériel militaire et tout ce qui est de nature à renforcer les capacités de son armée, les Britanniques, qui n’ont pas de différend territorial avec le royaume et privilégient avant tout leurs intérêts commerciaux, fournissent aux sultans du Maroc en matière de canons, de munitions et autres. Ils reçoivent ainsi dans leurs bassins les navires marocains de la marine de Gibraltar, qui avaient besoin de réparation ou d’armement.
Au fil du temps, les Marocains découvriront que leur retard technologique et scientifique ne se limite pas au seul domaine militaire. Il devient clair que les chrétiens sont devenus supérieurs dans d’autres domaines, dont le médical. Ils reconnaissent, sans l’exprimer ouvertement, les progrès européens à une époque où leurs propres connaissances médicales se rapprochent de la sorcellerie et de l’écriture d’amulettes. Ainsi, leurs yeux se tournent logiquement vers Gibraltar, chaque fois qu’ils ont besoin d’une assistance militaire ou médicale.
Par Mohammed El Mansour
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