À la sortie du Moyen Âge, l’Espagne, le Portugal et le Maroc se sont retrouvés dans un «ménage à trois» qui est tout sauf le fruit du hasard.
Le XVème siècle européen est celui des Grandes découvertes. Formulé autrement ; celui d’une forte expansion des Européens vers des destinations lointaines. L’acmé est certainement atteinte le 12 octobre 1492 avec la découverte des Indes occidentales rebaptisée plus tard en Amérique. Un nouveau continent, de nouvelles peuplades. Dans ces Grandes découvertes, deux nations sont définitivement à l’œuvre ; le Portugal et l’Espagne. Et dans leur expansionnisme, le Maroc, ses rivages et les courants qui baignent ses eaux territoriales se révèlent incontournables au point que les Ibères vont se disputer sa possession. Un ménage à trois bien insolite dans l’histoire. Deux littoraux ; la Méditerranée et l’Atlantique, une mer et un océan donc, font la jonction avec un tiers espace ; celui du Sahara permettant de pénétrer par le Sahel le cœur de l’Afrique. Voici la situation géopolitique et géostratégique du Maroc enserré par trois immensités. Elle a peu ou prou changé à travers le temps, et cela depuis la Haute Antiquité. Seuls les enjeux sociétaux, commerciaux et militaires sont venus s’imbriquer sur la continuité géographique. C’est cette position centrale sur deux mondes que les Portugais ont décodé dès 1415, en s’accaparant Sebta sur le détroit de Gibraltar. «Alors qu’au XIIIème siècle, les flottes latines ne dépassaient qu’exceptionnellement le Détroit, au début du XVème siècle, les navires portugais et espagnols croisaient au large du Souss et du Sahara», affirment les historiens Pascal Buresi et Mehdi Ghouirgate dans «Histoire du Maghreb médiéval XIème -XVème siècles» (2021).
Par Farid Bahri
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