La définition de l’identité mauritanienne s’est constituée au fil des luttes idéologiques, politiques et culturelles de l’époque coloniale et post-coloniale.
La Mauritanie, c’est l’ancien « Bled Chingitt », du nom de la célèbre cité historique, capitale de l’émirat de l’Adrar au XVIIIe siècle (Chingitti). Elle fut longtemps une zone tampon entre Maghreb et Sahel. Ses cités caravanières d’Awdaghost au sud (Xe-XIIe siècles), puis Ouallata au Sud-est et Ouaddane au nord-est(XIIIe-XVIIe siècles) furent de grands centres islamiques. La Mauritanie fut également longtemps berbère sanhaja, mère patrie du mouvement almoravide. Elle fut finalement arabisée au cours des XVIIe et XVIIIe siècles par les branches Maaqil et Hassan de la confédération hilalienne.
Au Moyen-Age, la côte de l’actuelle Mauritanie représentait pour les Portugais la première étape de leur grande découverte de la «Guinée», le pays des Noirs. Pour eux, le «Maure» (o Mouro) n’était autre que le «musulman», a priori arabophone, associé au Maghreb voisin, au désert du Sud, mais aussi aux campagnes portugaises de l’Algarve ! Au milieu du XVe siècle, les conquistadores franchirent le cap Bojador (Boujdour, wilaya de Laâyoune) qui, à l’époque, constituait la limite psychologique des côtes accessibles en Afrique du Nord. Ils y découvrirent et y enlevèrent des esclavessouvent originaires du bassin du fleuve Sénégal, à Dakhla et à Lagouira-Nouadhibou, puis menèrent des raids esclavagistes contre les peuples berbères des Imragen (au nord de Nouakchott). Ils établirent ensuite les bases d’un fructueux commerce avec les tribus Sanhaja, ces «Maures zenagas» du désert, ancêtres des Sahraouis actuels. Ce n’est qu’après plusieurs décennies qu’ils s’aventurèrent en Guinée proprement dite, dont ils craignaient les habitants, nombreux et mieux organisés.
Par la rédaction
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