Enlevée en Algérie par les maquisards, offerte par l’émir Abdelkader en cadeau à Moulay Abderrahmane, elle entre dans le harem du sultan. Entre réalité et fiction, Jeanne-Pierre Lanternier a-t-elle vraiment épousé le sultan du Maroc ?
On n’a pas de photo d’elle, ni même d’illustration, mais on sait qu’elle a existé et qu’elle a été « sultane du Maroc », terme certes excessif, mais qui illustre la fascination qu’elle a exercée sur la société française du XIXème siècle. En réalité, elle s’appelait Virginie Lanternier et a été, selon plusieurs récits concordants, l’une des épouses du futur sultan Mohammed IV, qui a régné sur l’Empire chérifien de 1859 à sa mort en 1873. Que savons-nous d’elle aujourd’hui ? Très peu malheureusement, car le XIXème siècle ne se prêtait pas aux archives nationales, et faire partie d’un harem, jusqu’à récemment, était synonyme d’une chape de plomb qui annihilait l’existence même de ses occupantes. Virginie Lanternier, selon diverses études, est née en 1820 à Chatelay (ou Châtelay, selon la dénomination de l’époque), petit village du département montagnard du Jura, en région Bourgogne-Franche-Comté. C’est le journaliste et romancier français Noël Amaudru qui a mené l’enquête à l’aube du XXème siècle, qui a retrouvé sa trace en visitant son village natal et en relevant dans l’acte de naissance du registre de l’état civil de sa commune qu’elle était née « le vingtième jour du mois de novembre, à deux heures du soir ». Son patronyme complet est Jeanne-Pierre Lanternier, dite Virginie, fille de Jean Lanternier, de profession « manouvrier »…
Par Younes Messoudi
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