Il est nécessaire de redonner toute sa place au rôle joué par la zone khalifienne dans l’histoire du nationalisme marocain. Mais faire la lumière sur certains faits ou personnages, c’est aussi écorner des légendes et s’exposer au feu des critiques.
L’opposition entre «Maroc utile» et «Maroc inutile» remonte à l’époque du protectorat français au Maroc. Les régions du Nord ont été considérées, à tort, comme inutiles. A la signature du Traité du Protectorat le 30 mars 1912, la France ne cède à l’Espagne qu’une zone réduite comme peau de chagrin. La zone khalifienne ne comporte plus ni Ouezzane, ni les plaines du Gharb. Dans ce qui reste, c’est-à-dire les territoires des rifains et des jbalas englobant les villes de Tétouan, Larache, Assila, Ksar El Kébir, Al Hoceïma, Nador, etc., les Espagnols n’entreprennent pas de grands travaux d’aménagement. Sebta et Melilia sont depuis longtemps annexées. Le faible niveau de développement de la région, résultat de la politique coloniale espagnole, alimente cet a priori d’inutilité. Mais les gens du Nord, fidèles à leur histoire séculaire, vont se tailler dans le roc des représentations négatives un chemin qui les mènera de la marge de la mémoire collective à son centre. Leurs parcours s’accompagnent d’épopées véritables où se distinguent des personnages hors pair, comme Haj Abdessalam Bennouna et Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi, et bien d’autres.
Par la rédaction
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