Dans ce texte personnel, Brahim Ouchelh, ancien compagnon d’armes de Youssoufi, partage avec les lecteurs de Zamane quelques anecdotes tirées de sa boite de souvenirs, dessinant un autre portrait de ce grand homme disparu le 29 mai 2020…
J’ai cessé de te rendre visite en ce début d’année 2020. Je n’avais pas le courage, je dois l’avouer, de te retrouver dans une situation qui me rendait triste. J’ai pu constater la souffrance qui était la tienne lorsque tu peinais à retrouver un prénom. «ça va Paris ?», c’est par ce subterfuge que tu palliais à la défaillance de ta mémoire. Fini le rituel des visites périodiques que nous nous sommes imposés, nous le quatuor d’amis, en qui tu faisais confiance pour briser ton légendaire silence et évoquer pour nous des souvenirs, des faits historiques et autres anecdotes que tu refusais aux journalistes parce que tu savais qu’ils en feraient leurs choux-gras. Nous comprenions bien ton message, tu nous rétablissais la mémoire des faits historiques et c’était à nous d’en faire bon usage. J’osais alors te prévenir : «Si Abderrahmane, je vais écrire cela !». Ton acquiescement se faisait parfois par un sourire, parfois par une affirmation claire : «Ouktoub, écris !»
À la mémoire des grands disparus
Nous avons été à tes côtés pour mener à bien un acte militant qui te tenait vraiment à cœur : la commémoration le 29 octobre 2015, du 50ème anniversaire de l’enlèvement de Mehdi Ben Barka. Cette rencontre fut ta principale manifestation militante depuis que tu as cessé d’être aux affaires dans la gestion de notre pays. Ce fut aussi un moment historique pour celui-ci. Tu voulais exiger que la vérité soit faite sur la disparition de Mehdi Ben Barka et que sa mémoire soit réhabilitée à l’échelle nationale tout comme elle l’est déjà au niveau international.
C’est ainsi que nous nous sommes attelés à la tâche… Le sphinx et pionnier inaltérable, Mohammed Halaoui, le bâtisseur de la jeunesse marocaine et principalement de la jeunesse ittihadie, qui contribua à sa préparation, avec sa charge militante des années de plomb. Ce militant au corps frêle à toujours donné une impression de fragilité. Pourtant, à plusieurs reprises, il a subi les pires sévices, mais il a toujours prôné le recours à la non-violence par le parti.
Par Brahim Ouchelh
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