Le 25 mars dernier, neuf historiens algériens ont adressé une lettre ouverte au Président Abdelmadjid Tebboune. Ils demandent au régime de «mettre fin aux entraves bureaucratiques» et de leur permettre un meilleur accès aux archives nationales…
La guerre des mémoires se poursuit en Algérie. Après celle menée contre la France à propos de la guerre de libération (1954-1962), c’est une bataille interne qui se joue désormais. Neuf historiens algériens, sous l’impulsion de Daho Djerbal, Mohamed El Korso et Amar Mohand-Amer, se sont adressés directement et publiquement au Président Abdelmajid Tebboune. Dans une lettre ouverte, les chercheurs expriment leur lassitude et réclament le «droit d’accéder au contenu des dossiers communicables sans qu’interfèrent des interprétations personnelles qui vont à l’encontre de l’esprit même des archives, qui sont un patrimoine de la nation». Les historiens souhaitent s’inscrire dans une démarche légaliste et invoquent une loi de 1988 qui permet une déclassification des archives sous certaines conditions. Visiblement, la loi ne suffit pas à offrir aux historiens les outils de travail qu’ils réclament. Les académiciens algériens font porter la responsabilité de cet immobilisme aux Archives Nationales algériennes et son président Abdelmadjid Chikhi, en poste depuis 19 ans. Car il est bien question d’archives comme le précise Amar Mohand-Amer, l’un des signataires de la lettre, dans une déclaration au quotidien Le Monde : «On demande à la France de restituer les archives coloniales, mais en même temps on ferme l’accès aux archives en Algérie».