L’actualité le prouve. Il existe désormais une triangulation entre le Maroc, sa culture et son histoire juive, et les Etats-Unis. La jeune chercheuse de l’université de Californie, Alma Heckman, n’a pas attendu la normalisation entre le royaume et l’Etat hébreux, par l’entremise de Washington, pour se pencher sur la particularité juive dans la culture et l’histoire du Maroc. À la faveur d’un séjour d’étude à Casablanca à la fin des années 2000, Heckman a pu récolter une base de données suffisamment fournie pour retracer l’épopée improbable du nationalisme marocain juif…
Votre thèse de doctorat, parue il y a quelques années, traite déjà de la participation des juifs du Maroc dans le parti communiste marocain. Comment et pourquoi vous êtes-vous intéressée à un tel sujet ?
En 2009, je suis arrivée au Maroc à l’âge de 22 ans comme Fulbright Scholar (un système de bourses d’étude très sélectif basé sur le mérite, ndlr) et je venais d’obtenir mon diplôme d’université. Mon projet à l’époque était assez mal défini. J’avais comme idée de visiter les synagogues, les cimetières, et les mellahs et de débuter un travail de documentation sur les sites historiques juifs de l’ensemble du pays. Dans ce cadre, j’ai rencontré Simon Lévy, qui a inspiré directement le livre. J’étais stagiaire au Musée du Judaïsme Marocain, où j’ai travaillé principalement sur les archives. Simon Lévy dirigeait le musée depuis sa fondation dans les années 1990. Il m’avait raconté de nombreuses histoires sur sa vie et m’avait même accordé une interview. Il était le premier Marocain juif que j’ai rencontré à avoir milité pour l’indépendance de son pays, et qui représentait sa propre vision du patriotisme marocain, pour laquelle la marocanité et la judéité sont intimement liées…
Propos recueillis par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’interview dans Zamane N°124