Pour certains, la société marocaine, par son histoire et ses codes sociaux, aurait une certaine prédisposition pour la «petite» corruption. Ce n’est pourtant pas tout à fait vrai, nous explique, dans cet entretien, Mohamed Tozy, avec des arguments mêlant l’histoire du Maroc à l’anthropologie politico-religieuse.
Sommes-nous naturellement sujets à la corruption ?
Il existe d’abord une définition juridique de la corruption, que l’on retrouve dans le code pénal. Il s’agit d’une concussion où des individus, du fait de leur position, obligent d’autres à payer un service qui n’est pas censé l’être. Cet acte est une transgression de l’ordre public moral. Mais celui-ci n’est pas le même en fonction des périodes. Le côté anthropologique de l’étude sur la corruption met en évidence une société de négociation ou de marchandage. Cette caractéristique concerne tous les domaines, y compris le religieux qui accorde une place importante à la comptabilité. Je pense dans ce cas au décompte des «hassanates» (bonnes actions, ndlr) par exemple. La question n’est par ailleurs pas de savoir si ce modèle est le bon car une société dite de marchandage a également ses garde-fous et son éthique.
L’histoire des rapports sociaux dans le cadre d’un ordre moral et politique est-elle déterminante dans l’existence et le développement de ce phénomène ?
En réalité, notre type de société n’est pas voué naturellement à la pratique de la corruption. Il faut distinguer ce qui est de l’ordre des rapports de force obligatoires, et ce qui s’inscrit dans la culture de facilitation.
Propos recueillis par Sami Lakmahri
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