À partir du XVIIème siècle, la cour des sultans alaouites devait assister à un mouvement de plus en plus fréquent d’émissaires européens. Ce qui créa, lentement mais sûrement, de nouvelles interactions jusque-là inédites entre l’Etat marocain et les Européens, qui devenaient aussi, de facto, des voisins, et pas seulement des ennemis ancestraux ou des adversaires potentiels.
Au début, l’activité diplomatique tournait essentiellement autour des captifs résultant de la course ou de la piraterie, formes de guerres reconnues par les États et pratiquées par tous les pays du pourtour méditerranéen. Après l’occupation française de l’Algérie en 1830, les émissaires européens venaient au Maroc pour discuter des litiges frontaliers dans les cas de la France et de l’Espagne, ainsi que des revendications de toutes sortes et sans cesse renouvelées. Depuis le commencement des échanges diplomatiques entre le Maroc et ses voisins chrétiens du nord,se dégage une constante qui ne s’est jamais démentie : chaque fois qu’il y a du changement sur le trône du Maroc, on voit défiler à Meknès ou à Fès des émissaires européens avec mission de féliciter le nouveau sultan, d’une part, et de renouveler les accords de paix d’autre part. Pour les Marocains, le changement de règne est l’occasion de renouveler «la trêve» (soulh) avec les chrétiens et de recevoir la jizia, ou ce qui la remplace. En principe ceci constitue la base de toute relation entre dar al-Islam et dar al-kufr. Selon la charia, il ne peut y avoir de paix durable entre les deux camps, mais seulement une trêve à renouveler périodiquement en attendant le triomphe du Royaume de Dieu et la disparition de dar al-kufr.
Par Mohamed El Mansour
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