Originaires du Liban actuel, les Phéniciens auraient franchi le détroit de Gibraltar il y a plus de 3000 ans. Avec leurs comptoirs marchands, ils ont longtemps eu le monopole du commerce des fabuleuses richesses des rivages atlantiques.
Au pied de la ville actuelle de Larache, l’estuaire de l’oued Loukkos s’ouvre largement sur l’Atlantique. À chaque marée haute, la mer remonte le cours du fleuve sur quelques kilomètres en suivant les méandres qui serpentent dans le vaste lit de l’oued. L’eau de mer remplit alors les marais salants qui s’étendent sur la rive droite du Loukkos. La rive gauche longe une colline arborée aux pentes abruptes. Du sommet aplani émergent les ruines de l’antique cité de Lixus. À l’aube de l’Histoire, le site n’avait pas tout à fait son aspect actuel. Au lieu d’être un verrou dans un vaste estuaire, la colline de Lixus devait se situer au fond d’un golfe offrant un abri sûr aux navires. Le mécanisme de l’érosion, en amont, et le transport des alluvions par le fleuve et le dépôt de sédiments, en aval, ont progressivement comblé le golfe. Lixus apparaît dans les sources antiques sous les noms de Liks, Lynx ou Lixos. Tous les auteurs de l’Antiquité s’accordent à désigner Lixus comme un comptoir phénicien, ce qui est confirmé par la découverte de traces archéologiques datant du VIIIe siècle avant l’ère chrétienne. Les fouilles de Lixus mettent au jour essentiellement de la céramique rouge lustrée, typique du commerce phénicien de cette époque. L’absence de tombes d’époque archaïque semble montrer qu’il ne s’agit encore que d’un comptoir sans installation durable. En effet, la présence phénicienne au-delà des Colonnes d’Hercule (détroit de Gibraltar) n’a pas forcément pris, au début, la forme de comptoirs commerciaux réguliers ou de colonies bien établies, mais a pu se manifester sur des lieux d’échanges épisodiques.
Jean-Luc Pierre
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Précieux et clair. Merci !