Quel est le lien entre ces deux 16 mai, celui de 1930 qui a vu l’émission du dahir dit «berbère» et le cauchemardesque vendredi soir casablancais ? Les deux événements ont fédéré tout un pays, créant ainsi une symbiose jamais égalée. Mais à la différence près que la mobilisation massive contre le fameux dahir s’est faite graduellement. D’abord parce que seul une poignée de jeunes intellectuels saisit le danger séparatiste de ce texte infligé à une population très largement analphabète. Ensuite car la vitesse de propagation de l’information n’est évidemment pas celle du XXIème siècle. Au bout du compte, l’épisode du 16 mai 1930 transcende les milieux sociaux et suscite la compassion à l’international, surtout du côté des milieux nationalistes arabes au Moyen Orient. La compassion du monde après le 16 mai 2003 est sans doute plus large, plus spontanée et peut-être plus sincère. En quelques minutes à peine, le terrorisme tue 45 personnes et instaure la terreur. Face à ces deux menaces (un colonialisme aveugle et un intégrisme religieux destructeur), qui incarnent chacune les dérives de leurs temps, la réponse est radicale. Les premiers nationalistes se jettent corps et âmes dans une longue bataille qui ne s’achève qu’en 1956, avec l’indépendance. Certains y perdent la vie et d’autres considèrent qu’aucune autre cause n’est plus juste que la leur. En 2003, l’Etat sert la vis, renonce aux rêves d’une nouvelle génération qui se voyait vivre dans une société libre et démocratique mais, à ce prix, parvient à rassurer sur sa capacité à rétablir la sécurité. Au final, les deux épreuves font l’Histoire du pays, une histoire qui rassemble plutôt que celle qui divise.
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