Et si les mouvements de « contre-terrorisme » maghrébin étaient directement instrumentalisés par les services secrets français ? Une théorie qui, pour les journalistes spécialisés, n’est pas du tout de l’ordre du fantasme. Elle est d’ailleurs confirmée par des témoignages d’anciens agents du SDECE (Service de Documentation Extérieure et de Contre Espionnage). L’un de ses pionniers, l’agent Bob Maloubier, déclarera : «Chaque fois qu’il y a quelque chose qui se passe, on dit : c’est la Main rouge ! Et la Main rouge n’existait pas du tout ! Ça couvrait le service… c’était une excellente idée». D’après Roger Faligot et Jean Guisnel, auteurs de Histoire secrète de la Ve République, l’organisation responsable des attentats au Maghreb est «la machine à tuer des services secrets français […] Le SDECE imagine un plan de diversion destiné à maquiller les opérations Homo [pour homicide] en règlements de compte perpétrés par une mystérieuse organisation secrète, la Main rouge, qui serait tenue par des colons ultras […] La Main rouge devient une signature commode». Ce qui explique d’ailleurs l’impunité des acteurs du contre-terrorisme au Maroc. Charles-André Julien pointe également le rôle clé de certains personnages : «Les libéraux et les grands fonctionnaires qui parlaient avec beaucoup de prudence dans leurs réunions privées ne doutaient pas du fait que le groupe central de terrorisme, faisant partie de Présence française, était financé par des aides récoltées auprès des grandes figures, de Philippe Boniface à Thami El-Glaoui». Aujourd’hui encore, l’Etat français rechigne à s’expliquer sur ce dossier en ne déclassifiant pas les archives liés au terrorisme européen dont celui qui a sévi au Maroc sous Protectorat.
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