Les villageois de l’arrière-pays du centre du Maroc sont médusés. Un monstre de métal fend les airs en larguant des tracts. Au-dessus de leur tête vient de passer un aéroplane de type Bréguet III-RU 1, avec à son bord un pilote d’essai et un journaliste. Sur les tracts, on peut lire en arabe toute la bienveillance que veux porter la France au peuple marocain. Mais dans l’immédiat, c’est plutôt la stupéfaction qui secoue les témoins, en septembre 1911, du vol d’essai du premier aéroplane jamais utilisé dans le pays. Sans même attendre l’officialisation du Protectorat en mars 1912, la France pressent l’intérêt stratégique de porter l’aviation dans ses colonies. Le Maroc, réputé pour son climat sans caprices et sa proximité géographique avec la métropole, fait office de parfait terrain d’expérimentation. C’est en tous cas l’avis de Charles Prevet, directeur du très influent «Petit Journal». L’homme de presse souhaite par la même occasion s’offrir une belle publicité qui ne manquera pas de faire sensation. Le commandement militaire qui devine également l’intérêt d’un usage guerrier de l’aviation, donne son aval. C’est ainsi que le 7 septembre 1911, un aéroplane en pièce détaché est débarqué dans le port de Casablanca. Un binôme composé du journaliste René Lebaut, qui couvre les événements du Maroc et du pilote Henri Brégi se donne comme objectif de rallier Fès après des escales à Rabat, Tanger puis Meknès. Le 13 septembre, le Bréguet III-RU 1 numéro 40 décolle de la plage de Sidi Belyout devant le consul de France et quelques badauds. Après de nombreuses péripéties, l’aéroplane atterrit à Fès le 20 septembre. Le sultan Moulay Hafid, qui désire assister à la prouesse n’est finalement pas prévenu à temps. Il se détourne de cet événement, au contraire de l’armée française qui introduit la question de l’usage militaire de l’aviation dans la foulée de ce vol marocain. La suite est bien moins pacifique…
Aucun Résultat
View All Result