Entre le religieux et le politique, comment nos ancêtres les plus érudits n’ont jamais pu théoriser le concept de l’Etat. Même quand ils ont eu, pour certains, assez rares, un rare élan laïcisant.
Nombreuses sont les idées reçues qui nous habitent et finissent de s’imposer à nous en tant que vérités absolues. En premier lieu cette idée qui affirme que l’Islam, contrairement à toutes les religions, est à la fois politique et religion ! Laissons de côté les deux arguments d’autorité, c’est-à-dire le Coran et le Hadith, qui n’ont en aucun moment précisé ce qu’est, en fait, un «état Islamique», et contentons nous de remonter dans l’histoire et de nous ressourcer auprès de quelques penseurs politiques musulmans.
Dans son ouvrage «Adab Addunia wa Addin» (les règles de conduite pour l’ici-bas et l’au-delà), le grand faqih Al Mawardi (Xème – XIème) établit une distinction entre la politique et la charia. La première se concrétise dans tous les efforts humains visant l’amélioration de l’existence des hommes ici-bas, tandis que la seconde se résumerait en l’accomplissement des obligations religieuses à proprement parler.
De son côté, le faqih Abu Bakr Attartoushi (XIIème), dans la préface de son ouvrage «Siraj Al Muluk» (le flambeau des rois), met l’accent sur la distinction entre «les statuts» et «les politiques». Les premiers englobent tout ce qui est en rapport avec la gestion quotidienne des croyants, telles les transactions courantes (ventes et achats), le mariage, le divorce et les successions… qui sont en principe réglementées par les préceptes de la charia. Quant aux «politiques», elles visent, selon ce grand faqih, essentiellement l’établissement de l’ordre social et la gestion des guerres.
Par Azzeddine Allam
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