Comme le Maroc, la Chine change de statut en 1912. Ce n’est pas une colonie étrangère qui s’invite sur la scène politique, mais plutôt un nouveau régime, celui de la république, au détriment d’un empire millénaire. Un virage institutionnel qu’amorce Sun Yat Sen (1866-1925), premier leader nationaliste chinois et premier président de la république (1912, puis entre 1917 et 1925). Le destin de cette nouvelle entité politique, incarnée par le parti nationaliste (appelé Kuomintang), est pourtant bousculé par une nouvelle et irrésistible force, le communisme. Depuis la Révolution bolchévique qui balaye le tsarisme russe en 1917, une poignée de jeunes chinois, dont Mao, entament la lutte armée et idéologique. Au cours des années 1920, leurs adversaires immédiats sont de puissants chefs régionaux surnommés les Seigneurs de la guerre. À l’occasion, les communistes s’allient même avec le Kuomintang. Le 23 juillet 1921, soit deux jours après la bataille d’Anoual dans le nord du Maroc, le PCC est officiellement fondé. Une époque dans laquelle Ben Abdelkrim Khattabi fait figure de héros et de pionnier dans la lutte anticoloniale.
Le vietnamien Ho Chi Minh (1863-1929), compagnon d’idéologie de Mao, s’inspire ouvertement de la guérilla rifaine dans son pays colonisé par la France. En Chine, la technique de Ben Abdelkrim devient un modèle pour les communistes désormais opposés au Kuomintang (dirigé alors par Chang Kaï Chek) après la défaite des Seigneurs de guerre en 1927. La République nationaliste, plus puissante que les compagnons de Mao, se livre alors jusqu’en 1931 à de violentes répressions anticommunistes. À cette date, les communistes s’allient une seconde fois pour faire face à une nouvelle menace, l’impérialisme japonais. Encore une fois, la «guérilla à la rifaine» est adoptée par les Chinois. En 1945, la défaite nippone fait replonger la Chine dans la guerre civile. Il faut attendre 1949 pour voir Mao triompher à Pékin et acculer Chang Kaï Chek dans l’île de Taïwan. Dès lors, le PCC devient enfin maître de la Chine. L’expérience de la guérilla est achevée et Mao reconnaît ouvertement l’influence de Ben Abdelkrim lorsqu’il reçoit en 1971 une délégation palestinienne venue demander son assistance : «Vous êtes venus pour que je vous parle de la guerre populaire de libération alors que, dans votre histoire récente, il y a Abdelkrim, qui est une des principales sources desquelles j’ai appris ce qu’est la guerre populaire de libération. Pourquoi donc avez-vous fait tout ce chemin alors que vous avez le Maître : Abdelkrim?».
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