Elle est la figure de la résistance amazighe face à la conquête arabe de ce qui deviendra le Maghreb. Ibn Khaldoun dit d’elle qu’elle possède des «connaissances surnaturelles que ses démons familiers lui avaient enseignées». Parmi les chroniqueurs arabes, il est loin d’être le seul à accuser cette reine guerrière du VIIème siècle de pratiquer la sorcellerie. Un travail de propagande somme toute prévisible à l’encontre de celle qui incarne le principal obstacle de l’expansion arabo musulmane en Afrique du Nord. D’ailleurs, son surnom de «Kahina» (prêtresse ou sorcière) vient de là, alors que son vrai nom serait Diyha ou Damiya. Cette femme, encore très mal connue des historiens, était une reine amazighe dont le territoire se situait dans le Maghreb central de la fin du VIIème siècle. Après des batailles épiques, elle finit par être vaincue par l’armée arabe du général Hassan Ibn Nouaman El Ghissani. Le travail de réhabilitation de sa mémoire n’est que très récent. L’écrivain algérien Kateb Yacine s’inscrit dans cette lignée. Dans un poème rédigé à cet effet, il imagine ce qu’aurait pu penser la Kahina du traitement que lui a réservé l’Histoire : «Les Arabes m’appellent Kahina, la sorcière. Ils savent que je vous parle, et que vous m’écoutez … Ils s’étonnent de vous voir dirigés par une femme. C’est qu’ils sont des marchands d’esclaves. Ils voilent leurs femmes pour mieux les vendre. Pour eux, la plus belle fille n’est qu’une marchandise. (…) II ne faut surtout pas qu’elle parle, qu’on l’écoute. Une femme libre les scandalise, pour eux je suis le diable».
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