En ce jour, le général Hubert Lyautey pose ses bottes sur la rade de Casablanca. Il est mandaté depuis Paris pour rétablir l’ordre au Maroc, Protectorat depuis seulement 45 jours. L’arrivée de ce personnage atypique n’était pourtant pas prévue. Selon les plans de la France, le premier Résident Général devait être le diplomate Eugène Regnault, rédacteur et signataire avec Moulay Hafid du Traité de Fès en date du 30 mars 1912. Regnault a habilement consacré ses dernières années à préparer la mainmise de son pays sur l’Empire chérifien. Seulement, la révolte de Fès survenue en avril, a mis fin à ses ambitions marocaines. Face à l’instabilité du pays, Paris décide que le Protectorat devait échoir à un militaire et non à un civil. Lyautey devient alors l’homme le mieux placé pour siéger en premier, sur le fauteuil de la Résidence Générale. Car le général n’est pas un novice sur les questions marocaines. Depuis 1907, il sillonne la frontière algérienne et a appris, au contact des tribus orientales marocaines, à comprendre les mécanismes politiques à l’œuvre au Maroc. En tant que Résident Général, il manie la force, la ruse et la diplomatie pour régner sur un territoire souverain depuis plus de mille ans. Monarchiste, il est intraitable sur le maintien du régime sultanien qu’il réussit à préserver tout au long de son «règne» qui s’achève en 1925. Entretemps devenu Maréchal de France, il est sans conteste le personnage le plus marquant du Protectorat français au Maroc.
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