Cette année 2024 marque tristement le 30ème anniversaire de la fermeture des frontières entre le Maroc et l’Algérie. À l’époque, le Maroc avait provoqué l’ire des autorités algériennes en les accusant d’être derrière l’attentat terroriste de l’hôtel Atlas Asni, en 1994. Trois décennies plus tard, la réouverture des frontières est plus «miragineuse» que jamais.
Entre le Maroc et l’Algérie, la question des frontières ne date pas d’hier. Le différend remonte à l’occupation française du voisin de l’Est quand, en 1845, la France dessine pour la première fois la frontière dans le cadre du traité de Lalla Maghnia. Des provinces marocaines sont alors injustement rattachées à l’Algérie française. Ce tracé, effectué pour le moins grossièrement, donnera pourtant lieu à peu de contestations. Pendant la guerre d’indépendance menée par l’Algérie, la renégociation des tracés fut évoquée par les leaders algériens et marocains. Mais suite au changement de dirigeants à l’indépendance de l’Algérie, en 1962, les négociations sont gelées. La guerre des Sables qui débute en 1963 imposera tout simplement le statu quo sur la question. Le traité de bon voisinage et de coopération signé à Ifrane, le 15 janvier 1969, ouvre alors un nouveau chapitre entre les deux voisins. Un an plus tard, une commission dite de «bornage» est mise en place. Ses travaux permettront, deux ans plus tard, la signature au nom du roi Hassan II et du président algérien Houari Boumédiène, par leurs ministres des Affaires étrangères Ahmed Taibi Benhima et Abdelaziz Bouteflika, de la «Convention relative au tracé de la frontière d’État établie entre le Royaume du Maroc et la République algérienne démocratique et populaire», mettant fin aux revendications marocaines sur le Sahara algérien. L’embellie des relations entre Rabat et Alger semble bien entamée : la convention est ratifiée en 1973 par le parlement algérien. Mais le soutien affiché de l’Algérie au Front Polisario, au moment de l’éclatement du conflit du Sahara en 1975, calmera les ardeurs des voix pacifistes d’un côté comme de l’autre.
Par Omar Kabbadj
Lire la suite de l’article dans Zamane N°168