Durant la Seconde Guerre mondiale, et surtout après l’opération Torch en novembre 1942, l’Empire chérifien, à la croisée de la Méditerranée et de l’Atlantique, se retrouve dans l’œil du cyclone du conflit. Sa position le transforme en une immense plateforme géostratégique pour les Alliés. Mais les Allemands, eux, n’ont pas dit leur dernier mot. Leurs espions tentent tant bien que mal de modifier la donne en faisant basculer le Maroc dans le camp de l’Axe. Dépoussiérage.
Il faut remonter à l’amorce du XIXème siècle afin de comprendre l’implication et l’implantation subreptice des Allemands dans l’Empire chérifien. Deux incidents diplomatiques forment la partie émergée de l’iceberg. La spectaculaire visite du Kaiser Wilhem II à Tanger en 1905, et l’amarrage du croiseur Panther au large d’Agadir en 1911. Sous le radar de ces deux événements majeurs des relations internationales précédents la Première Guerre mondiale, les Allemands font un travail souterrain d’ampleur pour influencer les décisions et la direction des affaires dans l’Empire chérifien. Certes dès 1902, un Comité allemand du Maroc invite ses concitoyens à porter leur intérêt et leur intéressement pour l’Empire chérifien. Ce sont davantage les industriels et les financiers que l’on a en ligne de mire. Aussi, «la pénétration économique s’intensifie de façon remarquable : de nouvelles lignes de navigation sont établies (notamment la ligne Woermann) et le pavillon allemand occupe la première place dans les ports marocains en 1895, 44 firmes sont représentées en 1904, le nombre des ressortissants allemands est passé de 43 en 1890 à 187 en 1904, le commerce se développe (7,4 % des importations du Maroc et 24 % de ses exportations en 1904), l’Allemagne talonne la France en ce domaine» nous avertit l’historien Pierre Guillen dans son livre «L’Allemagne et le Maroc, 1870 à 1905».
Par Farid Bahri
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