Les Mérinides commencèrent par unifier le Rif et le Gharb au nord-est marocain. Ils s’assurèrent dans un second temps le contrôle de villes commerciales de premier plan, comme Fès, Taza et Salé. En 1269, ils prennent Marrakech et achèvent par la même occasion, l’Empire des Almohades. La relative unité politique qu’imposaient ces derniers en méditerranée occidentale, jusqu’aux débuts du XIIIème siècle, allait voler en éclats pour laisser place à une mosaïque d’états.
Au nord, les royaumes de Castille et d’Aragon en plus des nasrides de Grenade, devenaient de plus en plus forts, au même titre que les dynamiques cités maritimes qu’étaient Barcelone et Gênes. Dans l’Est maghrébin, les Hafsides avaient déjà établi leur contrôle sur la Tunisie et l’Est de l’Algérie, quand les Zayanides, cousins Zénètes des Mérinides, se taillèrent leur propre royaume dans l’Ouest algérien. Les interférences et les jeux d’alliances, forts versatiles, entre ces différentes entités politiques, allaient devenir des paramètres majeurs dans les trajectoires historiques et les décisions politiques dans chacune d’elles. Ce morcellement politique n’était pas l’apanage de l’Occident musulman. Une évolution similaire se produira dans tout l’Est musulman. D’une certaine manière, les frontières actuelles des états arabo-musulmans étaient déjà grossièrement définies au milieu du XIIIème siècle. La réduction de la taille des royaumes musulmans allait exacerber leurs faiblesses structurelles. Ces dernières handicapaient perpétuellement l’assise politique des pouvoirs centraux et le déploiement de leurs administrations territoriales. Mais, jusqu’à la fin du XIIème siècle, les dimensions importantes des états musulmans (almohade, fatimide, seldjoukide…) permettaient de collecter suffisamment de ressources, afin d’asseoir l’autorité des dynasties régnantes et d’inhiber par la même occasion le potentiel destructeur de plusieurs facteurs, dont les principaux étaient les crises de succession, les pressions externes, la problématique de l’armée et la précarité matérielle des territoires musulmans. À l’instar de leurs contemporains, les Mérinides auront à composer avec toutes ces contraintes afin de pérenniser leur pouvoir familial dans le Maghreb occidentale. Pour illustrer l’importance de ces handicaps, nous les traiterons séparément dans les lignes qui suivent, même si dans la réalité des faits, leurs actions étaient interdépendantes et se nourrissaient les unes des autres.
Par Adil Boutda
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