Mustapha Alaoui : Le doyen du journalisme
Sa longue carrière aura couvert trois règnes alaouites. Mustapha Alaoui, directeur de l’hebdomadaire «Al Ousboue Assahafi», est mort le 28 décembre dernier, à l’âge de 83 ans. Jusqu’au bout de sa vie, il n’a cessé d’exercer un métier débuté à l’aube de l’indépendance en 1955. Il reste à ce jour le premier journaliste accrédité comme tel dans le nouveau Maroc indépendant. Il aura donc sillonné de sa plume, parfois gênante, toute l’histoire contemporaine du royaume. Une histoire qui retiendra aussi qu’il fut parmi les fondateurs du Syndicat national de la presse aux côtés de Abderrahmane Youssoufi, Abdelkrim Ghallab ou encore Ali Yata. Depuis le milieu des années 1960, il incarne surtout un titre de presse phare, «Al Ousboue», dont le nom sera complété par la suite. Mustapha Alaoui ne lâchera jamais sa création et se fait même connaître des nouvelles générations avides de sa célèbre chronique hebdomadaire «Alhaqiqa Adda’ia» (la vérité perdue).
Amina Rachid : Adieu Lalla Houbi
Son visage et sa voix l’ont rendue familière à des millions de Marocains. Amina Rachid est mort le 26 août à l’âge de 83 ans, des suites d’une longue maladie. Si elle est surtout connue comme une actrice incontournable du cinéma marocain, s’est bien par le théâtre qu’elle a débuté sa brillante carrière. Dès les années 1960, elle partage les planches avec la troupe de la radio nationale. Elle s’était auparavant essayée avec succès au 7ème art. À 19 ans à peine, elle tourne avec le réalisateur français Henry Jacques dans une production franco-maroco-égyptienne intitulée «Le médecin malgré lui». Il faut attendre le début des années 1990 pour voir sa côte de popularité exploser. Elle incarne la première épouse, aimante et bienveillante, du personnage de l’acteur Bachir Skirej dans le film culte «À la recherche du mari de ma femme» (1993). Un rôle qui lui colle à la peau, et qu’elle incarne trois ans plus tard dans le film «Lalla Houbi» du même réalisateur Abderrahmane Tazi. Sa dernière apparition au cinéma date de 2007, avec le film «Les Anges de Satan» d’Ahmed Boulane.
Abdellah Kadiri : Le colonel chef de parti
Rares sont ceux qui ont conjugué une carrière politique et militaire. Abdellah Kadiri en fait partie. Le colonel fondateur du PND (Parti National Démocrate) est mort le 24 septembre dernier à l’âge de 82 ans à Rabat. Brillant officier, il est sorti major de la promotion 1957 de la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr. Promis à une belle carrière au sein des FAR, il quitte pourtant l’armée marocaine en 1973, non sans avoir frôlé le peloton d’exécution en 1971, année du premier coup d’Etat, à cause de sa proximité avec le lieutenant-colonel M’hamed Ababou. Sa seconde vie est entièrement consacrée à la vie politique, où il commence à se faire remarquer auprès du Premier ministre Ahmed Osman, qu’il assiste dans la fondation du RNI. En 1982, l’ancien militaire fait scission et crée le PND, avec lequel il ambitionne de jouer les troubles fêtes. Il accède en 1990 au poste de ministre du Tourisme, avant de traverser une période creuse et délicate, jusqu’à ce qu’il rejoigne le PAM de Fouad El Himma en 2007. Une nouvelle fois, il se retire de la coalition et reprend les commandes du PND. Sa dernière bataille politique est menée lors des élections communales à Berrechid.
Lotfi Akalay : Tanger dans la peau
Journaliste et romancier, il est l’une des figures intellectuelles de la ville du détroit. Lotfi Akalay nous a quittés le 18 décembre dernier à 76 ans. Passionné par sa ville natale, il s’est penché ces dernières années sur le cas d’un personnage historique incontournable de Tanger, le voyageur Ibn Battouta. Avec talent, il remet au goût du jour les aventures du célèbre voyageur du XIVème siècle dans ses ouvrages «Conversations Avec Ibn Battouta» (2014) et «Ibn Battouta, Prince des Voyageurs» (1998). Formé à des études en sciences politiques à Paris, c’est pourtant les lettres qui attirent irrémédiablement Lotfi Akalay, qui se fait connaître au début des années 1990. C’est à cette période qu’il régale les lecteurs du quotidien Al Bayane de ses chroniques drôles et croustillantes. Sa carrière de journaliste l’emmène plus tard à «La Vie Économique», «Femmes du Maroc», «Jeune Afrique», etc.
Lotfi Akalay a su se frayer une place d’honneur dans le panthéon des artistes et amoureux de Tanger.
Mustapha Iznasni : Journaliste militant
Plus qu’un métier, un combat. Le 18 novembre dernier, Mustapha Iznasni est mort à 80 ans. Une triste nouvelle livrée par le CNDH (Conseil National des Droits de l’Homme) dont le défunt était membre entre 2007 et 2010. Ce n’est pas seulement le milieu des droits de l’homme qui pleure sa disparition, mais aussi celui de la presse. Mustapha Iznasni était connu pour avoir dirigé, en tant que rédacteur en chef, le journal «Al Kifah Al Watani», de 1965 à 1967, puis «Al Alam». Par le passé, il a fait un passage à l’agence Maghreb Arabe Press, avant de s’envoler pour Nouakchott où il allait occuper le poste d’attaché de presse et de chargé d’affaires à l’Ambassade du Maroc. Fin 2018, il avait reçu le prix honorifique accordé chaque année à une personnalité du monde des médias ayant contribué à l’évolution du paysage médiatique et à la consécration des nobles principes du métier. Mustapha Iznasni a été inhumé dans sa ville natale, Tétouan.