Toute sa vie durant, Jilali Gharbaoui portait en lui le sentiment d’être étranger dans son propre pays. Portrait d’un artiste exceptionnel… mais maudit.
«Dans l’état actuel des choses, nous nous trouvons devant une impasse. Nous vivons plus ou moins en exil, et c’est cela que nous réserve notre pays», déclare Jilali Gharbaoui à la revue Souffles en 1967. Il portait en lui le sentiment d’être étranger dans son propre pays. Étranger se dit Gharib en arabe, il méritait donc pleinement son nom de Gharbaoui. Son nom lui vient de la région dont il est originaire, le Gharb, le lieu où le soleil s’abîme dans l’océan ; il s’agit de la plaine qui s’étend des premières hauteurs de la chaine montagneuse du Rif aux abords de l’oued Bouregreg, qui sépare Salé de Rabat. Jorf El Malha, lieu de sa naissance, se trouve sur la route qui relie Meknès à Ouazzane, quelques kilomètres au nord du fleuve Sebou. Là, il voit le jour avant d’aller affronter son destin de peintre.
Orphelin, vendeur de journaux…
Au commencement, il perd son père, puis sa mère. L’histoire ne dit pas mot sur cet épisode de sa vie. Orphelin donc, sa biographie dit qu’il est pris en charge par un oncle avant que ce dernier ne le place dans un orphelinat. Là aussi l’histoire reste muette sur ce passage de la vie de l’artiste. Ce qui est sûr, c’est qu’il quitte son bled pour s’installer à Fès. S’installer est un euphémisme, car il était plutôt un SDF qui cherchait à survivre en pratiquant de petits boulots dont celui de vendeur de journaux. Difficile de dire plus à ce propos car l’artiste refusait d’évoquer son passé.
Par Moulim El Aroussi
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