L’auteure le concède. Ce livre n’est pas destiné à un large public, d’autant que sa publication ne concerne pour l’heure que les Etats-Unis. Mais il est pour nous, au Maroc, un outil qui permet de replonger dans l’intimité de militants de l’ombre. Car l’éclairage que fait notre mémoire collective sur le Mouvement National privilégie les grandes figures arabisantes, à une période ou l’anticolonialisme se conjugue facilement à une identité arabo-musulmane…
La marocanisation du parti communiste
«Le parti du mouvement national qui comptait le plus de juifs parmi ses rangs était sans conteste le parti communiste marocain (PCM). Quelques juifs étaient certes membres de l’Istiqlal et d’autres, moins nombreux, adhéraient au Parti démocratique pour l’Indépendance (PDI), mais le PCM avait l’avantage de l’universalisme. De plus, les Juifs avaient été radicalisés vers l’activisme antifasciste à travers le prisme du Front populaire français, la LICA (Ligue internationale contre l’antisémitisme) et le parti communiste dans les années 1930 et 1940. Le PCM s’est ensuite «marocanisé» dans l’immédiat après-guerre, avec des musulmans et des juifs marocains occupant des postes de direction. Avant cela, les Européens avaient exclusivement dirigé le parti. Pour les membres juifs du PCM, le communisme était le moyen le plus universel pour proclamer leur patriotisme et leur engagement à la construction d’un nouveau Maroc indépendant.
Traduction / Editing Zamane
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