Depuis l’Antiquité et le Moyen Âge, en terre d’islam et ailleurs, la figure de la sorcière n’a cessé de fluctuer, passant de la guérisseuse au monstre, et de la fée magicienne à l’adoratrice de Satan. Avant d’opérer, depuis quelques années, un étonnant retour au premier plan…
«Si vous êtes une femme et que vous osez regarder à l’intérieur de vous-même, alors vous êtes une sorcière». C’est sur ces quelques mots du manifeste des Witch (Women’s International Terrorist Conspiracy from Hell, 1968) que s’ouvre l’histoire. Le décor est planté. Sorcière… En voilà un bien infâme qualificatif pour une femme. C’est, en réalité, l’histoire de celles dont les pouvoirs dérangent. Envoûtantes et attrayantes pour certains, dangereuses et maléfiques pour d’autres. Trop indépendantes, libres, marginales, sans enfants…
Ces femmes perturbent, font peur et finissent par exalter la violence et la haine des hommes, puisque ces derniers ne peuvent maîtriser ni leur corps ni leur esprit. Cette forme de haine du féminin sévit depuis des siècles, elle a culminé avec la chasse des sorcières des XVIème – XVIIème siècles. Les autorités masculines, religieuses, politiques et civiles, sous toutes les latitudes, n’ont eu de cesse de vouloir soumettre les femmes et sanctionner celles qui refusaient de suivre les conduites édictées par ces pouvoirs.
Mais qu’est-ce qu’une sorcière ? Comment et pourquoi des milliers de femmes ont été exécutées depuis des siècles pour sorcellerie ? Comment la sorcière, victime éternelle de l’ordre moral des hommes, est devenue une icône du féminisme ? Devant tant de magie, ne faut-il pas raison garder ? Et qu’en est-il de la sorcellerie au Maroc ?
Par Myriam Alila
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