L’État d’exception, instauré en 1965, est officiellement levé en 1970. Officieusement, c’est loin d’être le cas. Il faudra attendre près de sept ans et de longues négociations pour amorcer un « retour à la normale », un début de démocratisation. Récit.
« Périsse la monarchie si ce doit être l’intérêt du Maroc ! Je ne crois pas que pour le moment ce soit son intérêt. (…) mais laissez-moi vous dire que, dans la situation marocaine actuelle, il y a deux solutions : la monarchie ou un socialisme dictatorial et autoritaire ». Juste après cette déclaration aux airs de sentence prophétique, Hassan II, alors interviewé par le journaliste Jean Daniel au cours de l’été 1970, pour le compte de l’hebdomadaire français « Le Nouvel Observateur », annonçait la révision de la Constitution de 1962. Au Maroc, tout le monde est pris de court. Particulièrement le Mouvement national (notamment l’Istiqlal et l’Union Nationale des Forces Populaires), marginalisé de la vie politique depuis sept ans. Sans oublier que le pays est sclérosé depuis l’instauration de l’état d’exception le 7 juin 1965. «Entre la répression et la suspension des libertés, c’était une époque abominable», se souvient Abdelouahed Radi, militant socialiste, parlementaire pendant des décennies, qui a aussi été cofondateur de l’Union Nationale des Etudiants Marocains (UNEM), en 1956. Paradoxalement, l’état d’exception et la chasse aux sorcières lancée contre les militants du Mouvement national -les socialistes de l’UNFP surtout- créent aussi une sorte d’effervescence politique.
Par Nina Kozlowski
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