Reconnu à l’étranger comme une référence du cinéma africain, le réalisateur discret revient pour Zamane sur son parcours hors du commun. Enfance au Mali, cinéma, affaires, CCM ou encore Hassan II et Basri… tout y passe.
Vous êtes un amateur d’histoire et cela se voit dans votre filmographie. Parlez-nous de la genèse du long-métrage que vous venez de monter, et qui raconte la vie d’Ali Bey, un espion espagnol infiltré à la cour du sultan Moulay Slimane au XIXème siècle.
C’est l’histoire vraie de cet incroyable Catalan qui s’appelle Domingo Badia, devenu un espion du nom d’Ali Bey. Cet homme est de la trempe des génies comme il y en a peu. Parfaitement arabophone, astronome et philosophe, Ali Bey est missionné par le Premier ministre espagnol Godoy pour déstabiliser le Maroc. Sa couverture est parfaite. Il prétend être le fils de l’émir de Damas, Otman Bey, chassé par les Turcs, venu trouver asile auprès de Moulay Slimane. L’idée de ce film m’a été initialement soufflée par des producteurs espagnols il y a vingt ans. À l’époque, on m’avait fourni un livre et recommandé de m’en inspirer pour un scénario. Seulement, ce livre, qui est en fait un carnet de voyage de l’espion rédigé au cours de son séjour marocain, ne m’a pas vraiment marqué car je n’avais alors pas saisi la dimension du personnage. Il n’était écrit nulle part qu’il était Espagnol, et encore moins un espion. Dix ans plus tard, une autre société de production espagnole est venue me proposer le même sujet. J’ai de nouveau refusé car je pensais déjà connaître cette histoire et je ne voyais pas pourquoi cela valait la peine d’en faire un film.
Ce film est également pour vous l’occasion de signer votre retour au cinéma après une absence de 16 ans…
Oui, mais ce n’était qu’une question de temps. Je savais que j’allais me replonger dans ma passion tôt ou tard. J’ai profité de cette période pour fructifier les gains que j’ai pu réaliser avec mes films précédents et ainsi laisser un patrimoine à mes enfants. Aujourd’hui, j’ai 75 ans et j’estime qu’il est temps pour moi de profiter pleinement de ma carrière de réalisateur. Tant que je peux continuer, je le ferais. Ma retraite sera ma mort.
Propos recueillis par Sami Lakmahri
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