Pourquoi la Mosquée de Paris dépend de la tutelle religieuse de l’Algérie et non pas de celle du Maroc? Histoire de la construction d’un lieu de culte musulman et des vicissitudes de l’histoire coloniale.
L’un des symboles de l’architecture musulmane en France est assurément la Grande Mosquée de Paris. Sa construction a débuté en 1922. Elle fut achevée en 1926 et inaugurée en grande pompe le 15 juillet de la même année, par le président de la République française Gaston Doumergue et le sultan du Maroc, Moulay Youssef. Son premier recteur, Kaddour Benghabrit, fondateur et président de la Société des Habous et Lieux saints de l’islam, propriétaire des lieux, musulman algérien et diplomate français, meurt en poste en 1954. La construction de cet édifice religieux sur un terrain de 7500 m2 (donné gracieusement par la ville de Paris et d’une valeur de 3.750.000 francs de l’époque), sur le lieu même où s’élevait auparavant l’ancien hôpital de Notre-Dame de la Pitié (dans l’actuel 5ème arrondissement), a eu un énorme retentissement. Elle a été menée avec l’évidente complicité de l’Etat français qui, en la finançant, a ignoré délibérément la loi de 1905 sur la laïcité, de séparation des Églises et de l’État. La mosquée est érigée dans un immense rectangle. Outre la mosquée avec son minaret de 32 mètres de hauteur, l’architecte Maurice Mantout construit également une salle de conférences, un hammam, une bibliothèque et des chambres d’hôtel ou de repos pour les visiteurs de marque. On ajoute aussi un local attenant à la mosquée qui devient par la suite un restaurant tenu et géré par un Tunisien.
Par Adnan Sebti
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 87